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DISCOURS DE M. HENRI BLANC

Recteur sortant de charge.

MONSIEUR LE CHEF DU DÉPARTEMENT DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES, MESSIEURS LES PROFESSEURS, MESSIEURS LES ETUDIANTS, MESDAMES, MESSIEURS,

Les usages académiques exigent que le Recteur sortant de charge présente en séance publique, avant de transmettre ses fonctions à son successeur nommé pour la période réglementaire de deux ans, un inventaire des événements les plus importants qui se sont passés à l'Université, qu'il en fasse un bilan qui soit l'expression fidèle de sa vie intérieure et extérieure; cela étant, nous n'abuserons pas de votre bienveillante attention. Notre premier devoir est de rappeler en ce jour les deuils qui ont affligé l'Université.

Le 10 juin 1909, notre Haute Ecole célébrait ici-même le soixante-quinzième anniversaire de M. Léon Walras, professeur honoraire, ancien professeur ordinaire d'économie politique à la Faculté de droit, qui pendant vingt-deux ans avait consacré ses grands talents à l'enseignement dont il était chargé. Après avoir reçu un juste tribut d'hommages de l'Université de Lausanne, d'Universités soeurs,

de sociétés scientifiques, de ses disciples et de nombreux savants étrangers, Léon Walras répondait aux multiples félicitations qui venaient de lui être présentées par un discours très éloquent, qui reflétait une vigueur intellectuelle et physique qu'il est rarement donné de voir à l'âge de soixante-quinze ans. Puis, alerte, le professeur Walras se rendait accompagné des membres de sa famille, de ses collègues, de ses admirateurs, dans la cour de l'ancienne Académie pour y voir, fixé dans le mur, le médaillon que l'Université avait fait sculpter en l'honneur de son jubilé pour mieux le couronner de son vivant.

Notre joie était alors très grande, et nous pensions qu'il serait donné à l'heureux jubilaire de vivre longtemps encore, pour pouvoir jouir avec ceux qui lui étaient chers de la retraite qu'il avait désiré prendre afin de travailler en toute tranquillité près de cette belle baie de Clarens. Mais il devait en être autrement, J'inexorable destin abattait le 5 janvier 1910 ce grand pionnier de la science, le fondateur de l'Ecole de Lausanne. Nous nous souviendrons des éminents services que Léon Walras a rendus pendant de longues années à nos établissements d'instruction supérieure et secondaire.

Le 7 janvier, l'Université apprenait la triste nouvelle que M. Henri Brunner, professeur ordinaire de chimie, directeur de notre Ecole de pharmacie, venait de lui être ravi en pleine activité dans la force de l'âge, après s'être pendant 36 ans consacré tout entier à sort enseignement, ayant accompli scrupuleusement son devoir jusqu'au dernier jour, lui sacrifiant son repos, sa santé. Nous garderons le souvenir des grands services rendus par Henri Brunner non seulement à la Faculté des sciences, à notre Ecole de pharmacie dont il était l'âme, la dirigeant avec une rare compétence, mais à l'Université tout entière, car nous ne devons pas oublier qu'il a collaboré avec beaucoup de persévérance et de perspicacité à la réalisation de l'idée très chère à Louis Ruchonnet, soit la transformation de notre vénérable Académie en Université.

En la personne de M. Henri Dufour, professeur ordinaire de physique, mort subitement le 8 février, l'Université faisait de nouveau une grande perte. Quoiqu'il fut souffrant depuis plusieurs années, nous avions cependant gardé l'espoir de le voir encore longtemps parmi nous, honorer notre enseignement supérieur; nous avions trop préjugé de ses forces, la mort devait surprendre en plein travail notre collègue qui, pendant 33 ans, fut pour notre Faculté des sciences un professeur hors pair, au savoir étendu, brillant par la solidité et la clarté de son enseignement. -

Le 30 juillet, notre maison universitaire était plongée dans l'affliction par un nouveau deuil en la personne de M. le Dr Marc Dufour, professeur ordinaire d'ophtalmologie et directeur de la clinique ophtalmologique, qui lui était enlevé en pleine activité. Il nous appartenait depuis 36 ans, ce savant et habile praticien au coeur si pénétré de générosité et que notre Faculté de médecine s'enorgueillissait de posséder, étant donnée sa renommée mondiale.

Mais tous ces deuils sont trop récents, le souvenir de nos chers collègues disparus est encore trop près de nous pour que nous n'insistions pas davantage aujourd'hui sur leurs mérites et leurs talents. Rappelons-nous toujours que, par notre Haute Ecole, ils ont bien servi la patrie en offrant à de nombreuses générations d'étudiants les ressources de leur grand savoir. Qu'ils nous servent à tous d'exemples et offrons-leur en ce moment l'hommage de notre pieuse reconnaissance.

Aux deuils de nos collègues dévoués, nous devons associer celui d'un étudiant. de la Faculté des sciences, M. Gezebski, qui le 15 juillet dernier était surpris, prenant un bain, par une congestion qui l'enlevait à l'affection des siens et des nombreux amis qu'il comptait dans le sein de la colonie polonaise de notre Université. Nous avons envoyé à sa famille le témoignage de nos regrets et de notre sympathie.

Si la mort ne nous a point épargnés, nous n'avons par contre qu'une seule démission à relater. M. le professeur Dr Pagenstecher que nous avions eu le plaisir d'installer au début du semestre d'été. 1909 comme professeur extraordinaire, nous a quitté pour répondre à l'appel flatteur pour lui d'abord, pour nous ensuite, qui lui a été adressé par l'Université de Halle. Appelé, après les incidents fâcheux que vous connaissez, à enseigner le droit germanique en allemand, il avait su, par sa science et par son aimable caractère, attirer au pied de sa chaire un grand nombre d'étudiants de nationalité allemande qui l'appréciaient infiniment. M. le Dr Haff, privat-docent à l'Université de Würzbourg, a été appelé, sur le préavis de la Faculté de droit, à remplacer M. Pagenstecher comme professeur extraordinaire; nous lui souhaitons ici le succès de son prédécesseur.

Nous n'avons fort heureusement qu'une demande de congé à enregistrer, celle de M. Pareto, professeur d'économie politique qui, pour des raisons de santé, a dû interrompre son cours; il a été momentanément remplacé par MM. les professeurs Boninsegni et Millioud.

M. M. Lacombe nous est revenu de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich qui nous l'avait pris en 1894, pour remplacer feu le professeur Joly comme professeur ordinaire de géométrie; l'Université lui est reconnaissante de ce qu'il a bien voulu accepter l'appel qui lui était adressé de Lausanne.

L'enseignement de la chimie ayant été remanié, M. Kehrmann, professeur à l'Ecole de chimie de Mulhouse, a été appelé à .donner le cours de chimie organique et des matières colorantes en qualité de professeur ordinaire. M. Mellet, jusqu'ici privat-docent, enseignera la chimie analytique comme professeur extraordinaire, M. le professeur Pelet, les chimies inorganique et industrielle, et M. Strzyzowski, la chimie physiologique et la toxicologie, avec la direction du laboratoire de ces branches, ainsi que des chimie médicale et pharmaceutique.

MM. les professeurs C. Dutoit et P. Mercanton ont été priés de remplacer provisoirement M. Henri Dufour, le premier pour le cours de physique expérimentale et pour la direction du laboratoire, le second pour la physique spéciale.

A la chaire d'ophtalmologie qu'occupait M. le professeur Dr Marc Dufour a été appelé M. le D"Eperon, professeur extraordinaire depuis deux ans, privat-docent à la Faculté de médecine dès 1892. C'est à cet opérateur habile que le Conseil d'Etat a confié la direction de la clinique ophtalmologique qui passe de l'Asile des aveugles à l'Hôpital cantonal.

De nouvelles forces sont fort heureusement venues se joindre à nous, ce sont M. Goumaz, ancien pasteur, M. Feyler, lieutenant-colonel, M. A. Raymond, M. le D"Cevey, MM. Maillefer et Porchet, privat-docents dans nos divers Facultés.

Au nom de l'Université, nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux collègues nommés par le Conseil d'Etat ainsi qu'à MM. les privat-docents qui ont reçu de lui, sur le préavis des Facultés intéressées, le droit d'enseigner.

La loi récente du 28 février 1908, votée par le Grand Conseil, sur l'instruction publique secondaire, exigeant pour être admis à enseigner dans un établissement secondaire, outre le grade de licencié, un certificat d'aptitude pour le dit enseignement, l'Université a dû, pour satisfaire à celle-ci, organiser des exercices de pédagogie pratique qui ont lieu pour les candidats aux licences ès-lettres classiques ou modernes au Collège classique et à l'Ecole supérieure communale des jeunes filles, pour les candidats aux licences ès-sciences physiques et naturelles et mathématiques, au Collège scientifique. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour remercier MM. les directeurs de ces établissements du bienveillant accueil qu'ils font à nos jeunes étudiants qui se vouent à l'enseignement secondaire dans notre pays et qui font chez eux leurs débuts dans l'art difficile d'enseigner.

Un nouvel, institut, celui de la Police scientifique, dirigé par M. le professeur Reiss, a été créé en application de la loi du 1er septembre 1909,. autorisant l'Université à conférer le diplôme d'études de police scientifique.

Un règlement élaboré conjointement par les conseils des Facultés de droit, de médecine et des sciences, règle l'entrée des étudiants dans ce nouveau laboratoire et garantit qu'il ne peut que servir à la découverte des voleurs, faussaires ou des apaches assassins. Nous ajouterons que l'Université de Lausanne est la seule en Suisse qui possède une pareille institution.

L'enseignement de la langue anglaise ayant été introduit au Collège classique et au Gymnase, la commission universitaire a informé le Département de l'Instruction publique de son désir .de voir le dit enseignement développé à la Faculté des lettres.. Cette dernière a nommé une commission chargée d'étudier les perfectionnements qui pourraient être apportés dans cette direction; la nouvelle commission universitaire aura donc à s'occuper sous peu de cette question de l'anglais à l'Université; elle est importante non seulement pour nos nationaux, mais pour les étudiants anglais et américains qui semblent rechercher maintenant notre Haute Ecole. . .

Pour répondre à une demande que nous adressait le Département, les conseils de la .Faculté des sciences, de l'Ecole d'ingénieurs, de l'Ecole de pharmacie et de la Faculté de médecine ont dû s'occuper des modifications qui pourraient être apportées à la nature et à la répartition des enseignements de la chimie et de la physique. L'Université a eu à ce sujet l'occasion d'émettre des voeux dont le Conseil d'Etat a bien voulu tenir compte. C'est ainsi que, dès maintenant, les chimies inorganique, organique, analytique et biologique, pharmaceutique, toxicologique, seront enseignées par quatre professeurs spécialistes qui ont pour mission d'adapter leurs cours et les exercices de laboratoire de façon à ce que les étudiants de 1er et 2e semestres qui, pour la plupart, se destinent à la médecine,

puissent acquérir pendant le cours de leur première année d'études universitaires correspondant au P. C. N. français, une vue d'ensemble des sciences. chimiques et qu'ils soient à même de pouvoir suivre plus tard, sans difficulté et avec fruit, les cours spéciaux de chimie médicale toxicologique, physiologique qui leur sont offerts.

Nous espérons que cette division du travail et des disciplines, faite conformément à ce qui existe dans plusieurs autres Universités, portera de bons fruits.

M. le prof. Jean Bonnard qui présidait à l'organisation des cours de vacances depuis 1895, soit dès leur création, a été remplacé sur son désir et sur le préavis de la Faculté des lettres, par M. le professeur Valette. Au nom de l'Université, nous adressons à M. Bonnard nos remerciements pour l'activité qu'il a déployée pendant 14 ans en cherchant à rendre ces cours toujours plus utiles et. plus fréquentés. 226 personnes venues d'un peu partout, surtout d'Allemagne, de Russie et d'Autriche, ont suivi ces cours l'été dernier. Ce chiffre n'avait pas encore été atteint. C'est là un fait très réjouissant pour ceux de nos collègues qui sont au travail pendant les vacances et pour l'Université sous le patronage de laquelle ces cours sont donnés.

Si nous consultons maintenant les catalogues de nos étudiants, nous constatons que notre Université comptait l'été dernier 1018 étudiants immatriculés et 169 auditeurs, total 1187. . .

Pendant le semestre d'été 1906-07 qui fut le plus .fréquenté depuis la fondation de l'Université, soit depuis 1890, on comptait 1141 étudiants immatriculés et 195 auditeurs, total 1326. . .

La fréquentation de nos Facultés a donc diminué depuis trois ans: Mais ceci s'explique aisément: 1° par le fait que l'enseignement du droit allemand a dû être interrompu pendant le semestre d'hiver 1908-09 et qu'il. n'a pu être rétabli qu'au semestre d'été 1909; 2° parce que, d'accord avec d'autres Universités suisses, nous avons pris déjà dès le semestre d'été 1908, certaines mesures concernant

l'immatriculation des étudiantes et étudiants slaves dont le nombre a dès lors beaucoup diminué. Alors que l'immatriculation, était accordée au semestre d'hiver 1906-07. à 284, au semestre d'été à 105 étudiantes et. étudiants slaves, au semestre d'hiver 1908-09, avec les nouvelles exigences, on ne compte que 65 et au semestre d'été que 13 étudiants slaves immatriculés. nouveaux dans nos Facultés.

Alors que pour le semestre d'hiver.1906-07 notre catalogue accuse la présence de 525 étudiants et auditeurs slaves, ils n'étaient plus que 346 au semestre d'été passé. Si,. par l'application stricte des nouvelles conditions d'immatriculation, le nombre des étudiantes et étudiants russes a beaucoup diminué, nous constatons que la qualité de ceux, et de celles qui, nous appartiennent maintenant est, dans son ensemble, meilleure, qu'autrefois et cela est fait pour nous réjouir, attendu que mieux que d'autres, ils sauront porter au loin le bon renom de notre Haute Ecole et lui faire plus tard honneur.

Il est tout naturel que nos étudiants confédérés et étrangers s'associent et se groupent en sociétés pour discuter entre eux de leurs intérêts communs ou pour pratiquer le mutualisme bien entendu. Aux associations déjà existantes sont venues s'ajouter les suivantes: «Jsraël», société qui réunit les étudiants israëlites; la société «Union» des étudiants polonais; l'«Alpigenia», dont les membres se recrutent parmi nos Confédérés de langue allemande. Un groupe de la. nouvelle Association chrétienne des étudiants qui a pour but de se rendre utile en cultivant l'entr'aide s'est mis à la disposition du comité de patronage des étudiants pour faciliter l'établissement des étudiants nouveaux venus, à Lausanne. A la fin de décembre 1909, une soirée avec arbre de Noël a été organisée par ce même groupe présidé par M. le Dr Charles van Ufford et sous, les auspices du comité de patronage. Etudiantes et. étudiants étrangers, à. qui l'on désiraIt surtout témoigner de. la sympathie à cette époque de

l'année où l'éloignernent de la famille se fait particulièrement sentir, étaient venus en grand nombre participer à celle réunion à laquelle assistaient plusieurs professeurs; elle a fait le plus grand plaisir à tous.

Nous, ne devons point laisser passer les occasions qui s'offrent à l'Université d'honorer les savants de notre pays, alors même qu'ils n'appartiennent pas à l'enseignement.

Le 24 octobre 1908, M. Emile Burnat, le. botaniste bien connu à .Nant sur Vevey, accomplissant sa quatre-vingtième année, de nombreux amis, venus de près, de loin, s'étaient réunis pour fêter ce vénérable et, si aimable savant, auquel le diplôme. de docteur honoris causa a été remis par M. le prorecteur Dind au nom de l'Université de Lausanne.

Dans le cours de ces deux dernières années, notre Haute Ecole a été invitée à se faire représenter à diverses solennités universitaires et à plusieurs congrès,. soit: au 350e anniversaire de la fondation de la. Schola genevoise, au 450e anniversaire de l'Université. de .Leipzig, à l'ouverture des cours de la .jeune Université de Neuchâtel, au 450e anniversaire de l'Université de Bâle, au 1er centenaire de l'Université de Berlin et à l'inauguration .de la nouvelle bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg.

Nous avons encore envoyé des adresses de félicitations à l'Université' de Louvain à. l'occasion du 75e ,anniversaire de sa restauration, à l'Université de .Jassy, célébrant le cinquantenaire, de son existence, à l'Université, de Cambridge rendant hommage à Darwin en célébrant son centenaire, à M. le professeur Erman, notre professeur honoraire, à l'occasion de ses vingt-cinq années passées dans l'enseignement et de. sa nomination comme recteur de l'Université de Münster.

Nous avons été représenté à Copenhague, au congrès de la résistance des matériaux; par M. le professeur Dommer; à Budapest, au congrès de médecine, par M. Galli-Valerio, et à Stockholm,, au congrès de géologie par M. le professeur Bruhnes.

A la cérémonie de l'inauguration du monument du grand. Haller, à Berne, M. le professeur Dind représentait notre Université et à celle de l'inauguration du monument Juste Olivier, votre recteur et plusieurs de ses collègues avaient répondu à l'invitation qui leur avait été adressée. M. le professeur Burnier avait bien voulu se charger de célébrer notre barde vaudois qui fut professeur d'histoire à l'Académie.

Notre Université vaudoise a toujours eu de bons parents: l'Etat de Vaud, la commune de Lausanne ont veillé sur elle et lui ont permis d'atteindre sa majorité en se développant toujours davantage, ce dont elle leur est reconnaissante; mais elle est aussi heureuse de posséder des amis, des bienfaiteurs qui en font l'objet de leurs largesses.

M. Whitehouse a eu la généreuse pensée de nous offrir une somme de 350 francs destinée à un prix à décerner chaque année en séance publique des concours. M. W. Grenier, professeur honoraire et ancien directeur de l'Ecole d'ingénieurs, nous a fait un don de 2000 francs pour accroître d'autant le capital du prix qu'il a fondé au profit des élèves de l'Ecole d'ingénieurs; celui-ci est maintenant de 5000 francs.

M. Jean-Jacques Mercier nous a offert la somme de 1000 francs pour l'achat d'instruments destinés à l'enseignement de l'astronomie et c'est la somme de 15,000 francs qu'il mettra généreusement à notre disposition pour le même but, lorsque l'Etat voudra bien édifier un modeste observatoire annexé à la chaire d'astronomie, pour lequel existe déjà un fonds spécial constitué par des dons de M. le professeur Dr E. Bugnon et M. le colonel Lochmann, auxquels se joindront bientôt d'autres dons promis.

Pour permettre l'achat d'ouvrages nécessaires aux candidats aux diplômes de sortie de l'Ecole d'ingénieurs, M. le professeur Dommer nous a remis pour la bibliothèque de celle-ci la somme de 300 francs, se réservant de verser plus tard la somme de 1000 francs, quand le projet d'un laboratoire

d'essais de résistance des matériaux pourra être exécuté.

En souvenir de leur père, Mlle Walras et M. le commandant Walras ont fait don à la Faculté de droit de la bibliothèque du professeur Léon Walras, comprenant 1300 volumes, dont la plus grande partie sont des ouvrages d'économie politique; quelques volumes provenant de la bibliothèque de Sainte-Beuve ont été remis à la Bibliothèque cantonale et universitaire.

La Faculté des sciences vient d'être à son tour l'objet des libéralités de M. L. de Coppet, domicilié à Nice, qui nous a annoncé qu'il faisait don à l'Université de sa riche bibliothèque comprenant de nombreux ouvrages de chimie, de physique et plusieurs publications périodiques importantes. Celles d'entre elles qui existeraient déjà dans l'un ou l'autre de nos laboratoires pourront être déposées à la Bibliothèque cantonale..

Nous exprimons à ces généreux donateurs les sentiments de gratitude de l'Université; puissent-ils trouver des imitateurs nombreux.

La Société académique vaudoise est la bonne soeur de notre institution; elle lui a déjà fait d'importants cadeaux et, dans le cours .de ces deux dernières années, ce sont les services de notre Hôpital cantonal, dirigés par M. le professeur Dr Dind et par M. le professeur Dr Bourget, qu'elle a voulu favoriser en leur procurant des instruments indispensables pour certaines recherches microscopiques.

Des sociétés académiques existent maintenant dans nos sept villes universitaires et partout elles poursuivent le même but. La Société académique de Bâle compte 689 membres et possède un capital de 1,410,000 francs; il est vrai qu'elle a 75 ans d'existence; celle de Genève, fondée en 1888, compte 1500 membres et son avoir est de 165,000 francs, après avoir distribué près de 40,000 francs aux divers services de l'Université. Or, la Société académique vaudoise, fondée en 1890, ne dispose aujourd'hui que des

intérêts d'un capital de 63,860 francs et du montant des cotisations annuelles payées par 222 membres.

Nous estimons que cette association utile, auxiliaire de notice Etablissement d'instruction supérieure, est encore trop ignorée du publié cultivé de notre ville, du canton, et de nos étudiants, en particulier de nos étudiants nationaux. Pourquoi ces: derniers n'organiseraient-ils pas, comme cela se fait ailleurs, une soirée littéraire et musicale qui pourrait avoir lieu chaque année, le jour du «Dies academicus» de la séance des concours, et dont le produit serait remis à la Société académique qui le métamorphoserait en instruments et ouvrages utiles pour. leurs études. Cela faisant, MM. les étudiants offriraient ainsi une preuve patente de leur attachment à l'Alma mater et leurs professeurs auraient le plaisir de les voir èt de les applaudir le jour de la séance des concours. . ''

Nous ne terminerons pas ce rapport sans exprimer notre reconnaissance à M. le chef du Département de l'instruction publique et des cultes pour la bienveillance qu'il nous a toujours témoignée pendant les deux ans de notre rectorat; sans remercier M. le pro-recteur Dr Dind et ses collègues de la Commission universitaire; notre vénérable secrétaire M. Bonzon, pour leur très utile et précieuse collaboration.

C'est à vous, M. le professeur Edmond Rossier, que le sénat universitaire, connaissant vos talents d'administrateur et d'orateur, a confié l'honneur de présider aux destinées de notre maison mère; lui étant attaché depuis vingt ans, familiarisé par vos études préférées avec les hommes et les choses, il vous sera facile de maintenir les liens de solidarité qui doivent unir les. diverses parties de notre organisme et d'en sauvegarder toutes les prérogatives. Pour remplir votre tâche, le concours de tous vos collègues vous est acquis et messieurs les étudiants sauront reporter sur vous la confiance qu'ils nous ont témoignée pendant la durée de nos fonctions. Que notre jeunesse studieuse continue sous votre direction à s'inspirer de la

devise «ordre et travail», et notre Alma mater n'en sera que toujours plus prospère. Elle restera ce que le canton de Vaud demande d'elle en échange des sacrifices qu'il s'impose; une pépinière d'intelligences utiles au pays et à l'humanité.