RAPPORT DU RECTEUR
POUR L'ANNÉE 1931-1932
PAR
M. le
professeur Henri FEHR
DEPUIS 1904, l'Université de Genève invite
chaque année ses amis à célébrer avec les
professeurs et les étudiants le Dies academicus,
jour anniversaire de l'inauguration
solennelle de l'Académie de Calvin et de
l'installation de son premier Recteur, Théodore de Bèze.
Ce que signifie pour Genève cet anniversaire, personne
ne l'a mieux dit que M. le professeur Charles Borgeaud,
à l'occasion du premier Dies academicus en 1904. Dans
un discours remarquable prononcé ce jour-là, l'éminent
historien de l'Université de Genève fit ressortir tout ce
que le peuple de Genève doit à sa haute école et à l'héritage
magnifique qu'elle lui a légué. Qu'il me soit permis
de citer ici un passage de ce discours:
«La cité de Calvin n'avait pas encore reçu son nom
retentissant de Rome protestante. Mais si l'on cherche
à en fixer la date, on peut dire que c'est ce jour-là, le
5 juin 1559, que la Rome protestante a surgi dans l'histoire.
Il y a dans les annales de Genève des dates également
mémorables, il n'y en a pas de plus vraiment
grande, de plus mondiale, comme nous apprenons à dire
aujourd'hui. Pour Calvin, la création que notre Dies
academicus rappellera désormais à toutes les mémoires,
était le couronnement de son oeuvre de réformateur et
d'humaniste. Pour sa postérité intellectuelle, on peut le
démontrer l'histoire à la main, elle est plus encore.
C'est le point de départ visible d'une évolution de la
pensée moderne qui a élargi, étendu, prolongé cette
oeuvre et qui en a fait le patrimoine d'une société
nouvelle dont la devise est: «Liberté.»
«Le Dies academicus que nous célébrons et que l'Université
célébrera longtemps, je l'espère, le 5 juin, n'est
pas seulement une date académique. C'est une date
populaire, que le peuple de Genève devrait connaître
et honorer. C'est l'anniversaire d'un événement de son
histoire qui est un événement de l'histoire universelle
et auquel il a eu, lui, petit peuple à peine né à la vie
politique, une part extraordinaire, inouïe pour l'époque...
En le célébrant ainsi périodiquement, tous ensemble,
nous rendrons un réel service à la démocratie genevoise,
nous contribuerons de la sorte à mettre toujours davantage
notre Alma Mater à l'abri des injures du temps
et des hommes, au-dessus des vicissitudes de la politique,
parce que nous rappellerons à chaque citoyen, si étranger
qu'il puisse être aux études supérieures, que l'Université
de Genève est la chose de chacun, la gloire de tous.»
Jusqu'en 1907 les prix universitaires étaient remis aux
lauréats au cours d' une séance solennelle qui avait lieu
en janvier. Le recteur présentait un rapport au début
de la cérémonie. Puis, une fois la distribution des prix
terminée, un des membres du corps professoral donnait
une conférence.
A partir de 1908 les usages se sont modifiés. L'Université
distribue ses prix de concours à l'occasion du
Dies academicus. Elle convie ainsi ses professeurs, ses
étudiants et ses amis à commémorer la date de sa fondation,
et à rendre hommage à ceux qui nous ont prêté
leur appui et à ceux qui, forts de cet appui, se sont
signalés par leurs travaux. Sans doute, notre admiration
et notre reconnaissance vont sans réserves à ceux dont
les travaux enrichissent notre patrimoine scientifique
et contribuent à notre renom. Mais elles vont aussi
à ceux qui, par leur générosité, facilitent et rendent
possible la recherche scientifique désintéressée. Comment
aurait-on pu bien souvent l'entreprendre, cette recherche
scientifique, si les moyens la permettant n'avaient pas été
mis à notre disposition. Trop souvent l'on oublie tout
ce que nous devons à ces généreux donateurs; trop souvent
l'on songe uniquement aux travaux que leur initiative
a suscités. Je n'ignore pas combien les énumérations
peuvent être fastidieuses. Permettez-moi néanmoins
de dresser avec vous le bilan des fonds de 1' Université
de Genève. Ce sera pour nous le meilleur moyen,
non seulement de rappeler le souvenir des personnes
envers lesquelles nous avons contracté une dette de vive
et sincère reconnaissance, mais aussi de signaler à nos
étudiants les ressources qui s'offrent à eux et que trop
fréquemment ils négligent.
Notre premier fonds provient du don que nous a fait
le savant chimiste et pharmacien Tingry, quand il nous a
légué, en 1821, sa fortune. Conformément aux clauses du
testament, les revenus de ce fonds doivent être affectés
à l'enseignement de la chimie à la Faculté des Sciences.
Mais le don de Tingry n'a été que le premier d'une
longue série. D'autres dons l'ont suivi et l'Université de
Genève possède aujourd'hui une fortune de 1.500.000 fr.
qui lui permet de décerner des prix et des bourses dont
les montants varient entre 500 et 2.000 francs 1.
DÉCÈS
Pendant la période qui s'est écoulée depuis le dernier
Dies academicus, nous avons eu le regret de perdre trois
professeurs honoraires: MM. Albert Mayor, Auguste
d'Eternod et Gottlieb Meumann.
Fils et petit-fils de médecins, Albert Mayor naquit à
Genève le '3 juillet 1853. Ii fit ses études médicales à
Paris, où il obtint le grade de docteur en médecine en
1880. De retour à Genève, il fut chargé, en 1887, de
l'enseignement de la thérapeutique, auquel fut joint
ensuite celui de la matière médicale. Mais Mayor n'occupa
cette chaire qu'une dizaine d'années. Il l'abandonna, en
1899, pour être nommé professeur de clinique médicale.
Doyen de la Faculté de Médecine de 1904 à 1908, vice-recteur
de 1910 à 1912, Albert Mayor a revêtu la charge
de recteur de 1912 à 1914. Lorsque des raisons de santé
l'obligèrent à prendre sa retraite à la fin du semestre
d'été 1923, le Conseil d'Etat le nomma professeur honoraire
par arrêté du 27 juillet 1923. 11 est décédé le
29 octobre 1931. Genève a perdu en lui un homme de
grande réputation, qui a joué un rôle important dans
notre cité comme médecin et comme professeur à la
Faculté de Médecine.
Trois mois plus tard, nous avons rendu les derniers
honneurs à Auguste d'Eternod, professeur honoraire,
décédé le 25 janvier 1932. Né à Mexico le 1er juin 1854,
M. d'Eternod était originaire de Baulmes (Vaud). Il fit ses
études de médecine successivement à Leipzig, à Bâle et
à Genève, où il obtint le grade de docteur en 1879. Il
débuta en i88i dans l'enseignement universitaire, en
qualité de chargé de cours pour l'histologie normale et
la stomatologie. Professeur suppléant; l'année suivante,
il fut nommé professeur ordinaire d'histologie. d'embryologie
et de stomatologie en 1887. 11 prit sa retraite
en 1925. Auguste d'Eternod fit partie du Bureau du
Sénat en qualité de doyen de la Faculté de Médecine, de
1900 à 1904.
M. le professeur Gottlieb Auguste Meumann, qui avait
dû, en raison de son état de santé, solliciter un congé,
puis renoncer définitivement à l'enseignement à la fin
de l'année universitaire 1930-1931, est décédé le 7 avril
1932, quelques mois seulement après avoir été nommé
professeur honoraire. Né à Honnef (Allemagne), le
5 septembre 1866, M. Meumann donna des cours à la
Faculté de Droit à partir de 1900. Après avoir enseigné
le droit civil allemand en qualité de privat-docent pendant
quatre ans, il fut nommé en 1904 professeur ordinaire
et, en cette qualité, il continua de donner des cours
de droit civil allemand, puis de droit romain et de droit
civil suisse. C'est lui qui assuma en 1924 la succession de
M. Paul Moriaud, dans la chaire de droit romain qu'il
occupa jusqu'en 1931. Pendant trente ans, M. Meumann,
qui était très attaché à notre pays, fut un maître dévoué
qui chercha sans cesse à développer chez ses élèves le
goût des études juridiques auxquelles lui-même avait
consacré sa vie.
Nous avons eu aussi à déplorer le décès de l'un de nos
anciens privat-docents, M. John Briquet, directeur du
Conservatoire de botanique, ainsi que celui d'un privat-docent
à la Faculté de médecine, M. le Dr Robert
Henri Kummer, chirurgien adjoint pour l'urologie à la
Clinique chirurgicale, dirigée par son père, M. le professeur
Kummer.
Mentionnons aussi le décès de deux de nos étudiants:
M. Ahmed Imadeddine, de nationalité turque, étudiant
en droit, et M. Jean Edouard Martin-du Pan, étudiant
en médecine, mort au service militaire.
DÉMISSIONS ET NOMINATIONS
C'est avec un vif regret que nous avons enregistré
la démission de deux de nos professeurs atteints par la
limite d'âge, MM. les professeurs Amé Pictet et David
Gourfein, qui prendront leur retraite à la fin de l'année
universitaire. Qu'il me soit permis de leur exprimer dès
maintenant la profonde gratitude de l'Université pour
les services qu'ils ont rendus à notre haute école par leur
enseignement et leurs travaux scientifiques.
Privat-docent de 1884 à 1894, M. Pictet a été nommé
successivement professeur extraordinaire de chimie
spéciale en novembre 1894, professeur ordinaire de
chimie biologique, toxicologique et pharmaceutique en
mars 1892, puis professeur de chimie inorganique et
organique en juillet 1906. Dans cette dernière chaire il
avait succédé à l'illustre Graebe. Durant sa belle
carrière universitaire, M. Pictet s'est consacré tout
entier à la science et à l'enseignement. Il s'est donné à
sa tâche avec le plus complet désintéressement. En 1927,
ses anciens élèves avaient tenu à lui témoigner leur
reconnaissance en organisant une cérémonie à l'occasion
de son 70me anniversaire. Le souvenir de cette manifestation
ne s'est pas estompé dans notre mémoire et
nous n'avons pas oublié les éloges que les plus hautes
personnalités ont décerné à son oeuvre scientifique. Par
arrêté du 15 avril 1932, le Conseil d'Etat a accepté, avec
honneur et remerciements pour ses éminents et loyaux
services, la démission de M. Amé Pictet, professeur
ordinaire de chimie inorganique et organique, et l'a
nommé professeur honoraire.
Docteur en médecine de l'Université de Genève,
M. David Elie Gourfein a été admis en qualité de privat-docent
en 1900. En 1915 ii fut nommé à la chaire d'ophtalmologie,
laissée vacante par le décès du professeur
Haltenhoff. Très apprécié comme praticien, M. le professeur
Gourfein a créé la Clinique ophtalmologique, qu'il
dirige avec beaucoup de distinction et de dévouement.
Depuis douze ans il rédige la «Revue générale d'ophtalmologie»,
premier et seul périodique suisse de cette
spécialité. Par arrêté du 17 mai 1932. le Conseil d'Etat a
accepté sa démission et l'a nommé professeur honoraire.
En juillet 1931, le Conseil d'Etat a procédé à de nombreuses
nominations, en prenant en considération le
regroupement des enseignements proposés par la Faculté
de Droit à la suite de la démission du professeur
Meumann.
Le Conseil d'Etat a nommé, tout d'abord, professeur
ordinaire M. Hans-Erich Kaden, qui avait remplacé
M. Meumann pendant sa maladie et qui enseignait
depuis cinq ans la législation civile comparée à la Faculté
de Droit. Ouvrant une parenthèse, je tiens à mentionner
ici que M. le professeur Kaden a été l'objet d'un appel de
l'Université de Münster, auquel il n'a pas donné suite.
La Faculté de Droit se félicite d'avoir conservé la collaboration
du titulaire actuel de la chaire de droit romain.
La nomination de M. Kaden a entraîné la vacance dela
chaire de législation civile comparée. Tenant compte du
désir de M. le professeur Scelle d'être libéré de l'enseignement
du droit international privé, le Conseil d'Etat a
décidé de réunir cette discipline à celle de la législation
comparée et de confier les deux chaires à M. le professeur
Georges Sauser-Hall, qui rentrait à Genève après avoir
occupé pendant cinq ans le poste de conseiller légiste du
Gouvernement turc. M. Sauser-Hall est en outre appelé
à donner le cours de droit civil suisse sur le droit des
personnes et de la famille.
Le Conseil d'Etat a conféré le titre de professeur
honoraire à M. Pierre Arminjon, l'auteur d'un important
précis de droit international privé. M. Arminjon, qui a
déjà fait des cours à notre Faculté à plusieurs reprises, a
bien voulu se charger de l'enseignement du droit international
privé pour les candidats au doctorat.
M. Wolfgang Liebeskind, docteur en droit, a été
nommé chargé de cours et assure en cette qualité l'enseignement
du droit moderne.
Le titre de chargé de cours a été accordé également à
M. Louis Hamburger, docteur en droit; celui-ci, spécialiste
des questions de législation du travail, donne en
outre des cours de droit commercial allemand.
M. Albert Thibaudet, jusque là chargé de cours, a
été appelé à occuper, en qualité de professeur ordinaire,
la chaire de littérature française, restée sans titulaire
depuis la démission de M. le professeur Bernard Bouvier.
MM. les professeurs extraordinaires Emile Cherbuliez
et François Naville ont été confirmés pour une nouvelle
période de trois ans.
Ont été confirmés dans leurs fonctions de chargés
de cours pendant l'année universitaire 1931-1932,
MM. André Chaix, Edouard Paréjas et Charles Valencien,
à la Faculté des Sciences; MM. Louis Gielly et Serge
Karcevski, à la Faculté des Lettres; M. René Gilbert,
à la Faculté de Médecine.
A la Faculté des Lettres, M. Samuel Baud-Bovy,
titulaire de la bourse Christos Lambrakis, a été nommé,
pour la durée du semestre d'hiver 1931--1932, chargé de
cours pour l'enseignement de la langue et de la littérature
grecques modernes, et M. Antoine Velleman, pour celui
de la langue rhéto-romane, pendant la période 1931-1932.
A la Faculté autonome de Théologie protestante, ont
été désignés pour l'année 1931-32, M. Charly Clerc en
qualité dc chargé de cours pour l'enseignement de la
lecture cursive du Nouveau Testament et de la grammaire
grecque, et; M. le pasteur Franz Leenhardt également
en qualité de chargé de cours pour l'exégèse et la
critique du Nouveau Testament.
La façon distinguée avec laquelle M. Franz Leenhardt
a donné son cours a décidé le Conseil de la Faculté
autonome de Théologie à le nommer professeur ordinaire
à la chaire d'étude du Nouveau Testament à partir du
semestre prochain. Cette nomination vient d'être approuvée
par le Conseil d'Etat.
Nouveaux privat-docents. — Ont été admis à annoncer
des cours:
MM. Hugo Saïni, Richard Meili, Mile Castellani, et
M. Galopin, à la Faculté des Sciences; M. Vaclav Cerny,
à la Faculté des Lettres; MM. Pereira da Silva et
Morgenthau, à la Faculté de Droit; MM. Hans Wagner,
Robert Dottrens, Michel A. Heilperin et Robert Tremelloni,
à la Faculté des Sciences économiques et
sociales; MM. Roger Fischer, John-Henri Oltramare et
François Ody, à la Faculté de Médecine.
Sur la proposition de la Faculté des Sciences économiques
et sociales, le grade de docteur en sociologie
honoris causa a été conféré à M. Ernest Mahaim,
professeur à l'Université de Liège et Président du Conseil
d'administration du Bureau international du Travail.
L'Université compte actuellement 85 professeurs ordinaires
et extraordinaires et 14 chargés de cours. Le
nombre des privat-docents est de 64 dont 43 ont fait
effectivement un cours au semestre d'hiver.
CONGÉS ET REMPLACEMENTS
Dans le courant de juin 1931, M. Victor Baroni,
chargé de cours à fa Faculté de Théologie, a eu, pour
cause de maladie, un congé jusqu'à la fin du semestre.
Son remplacement a été assuré par MM. Auguste
Gampert, René Guisan et Charly Clerc.
M. le professeur Amé Pictet a obtenu un congé partiel
pour le semestre d'hiver. Il a été suppléé pour le cours
de chimie organique par M. le professeur Cherbuliez.
M. le professeur Edgard Milhaud a eu un congé partiel
d'une heure par semaine pendant le semestre d'hiver
1931-1932.
M. Paréjas, chargé de cours, envoyé en mission en
Chine, a obtenu un congé pour l'année universitaire
1931-1932.
M. le professeur Albert Malche a obtenu un congé
à partir du 8 janvier jusqu'à la fin du semestre d'été
1932, pour lui permettre de répondre à l'appel du Gouvernement
turc qui a désiré le charger d'étudier la
réorganisation de l'Université d'Istamboul.
ENSEIGNEMENT
La Faculté des Sciences a organisé cette année une
nouvelle série de conférences données par quelques uns
de ses professeurs, sur des questions d'intérêt actuel
dans le domaine des sciences pures et des sciences
appliquées.
Le dernier rapport du Recteur signalait que la Faculté
des Lettres et le Sénat avaient émis un préavis favorable
à la création d'une chaire extraordinaire de langues
rhéto-romanes. Restée en suspens devant le Grand
Conseil, la question vient d'être reprise. M. le Président
du Département de l'Instruction publique, auquel nous
exprimons notre reconnaissance, a réussi à persuader
nos autorités législatives de se prêter à une création
qui, sans rien coûter à l'Etat, enrichira l'Université et
attirera à Genève les étudiants du Canton des Grisons
dont la langue nationale pourra désormais figurer parmi
celles qui s'offrent au choix des candidats à la licence
ès lettres. Toute notre reconnaissance va aussi à la Ligue
rhéto-romanche sans la généreuse initiative de laquelle
rien n'aurait pu être fait.
Un autre enrichissement, dû également à l'initiative
privée, a été apporté à la Faculté des Lettres par le
cours de littérature grecque moderne donné pour la
première fois cet hiver. Ii a été inauguré avec un plein
succès par M. Samuel Baud-Bovy, qui avait été depuis
deux ans boursier de la Fondation Christos Lambrakis-Maunoir
et qui a été nommé chargé de cours. Le même
enseignement est prévu pour l'hiver prochain dans les
mêmes conditions, mais nous espérons qu'il sera prochainement
possible de le consolider sous la forme d'une
chaire extraordinaire.
A la Faculté de Droit des cours, destinés aux candidats
au doctorat, ont eu lieu au semestre d'hiver 1931-1932
pour les matières du droit civil, de la législation civile
comparée et du droit international public, et, au semestre
d'été, pour le droit international privé et le droit
international public. Au semestre d'été, la Faculté a
organisé un cycle de trois conférences publiques sur des
questions de droit international. Ces séances étaient
destinées aux étudiants avancés ainsi qu'aux juristes
de notre ville, avec lesquels il est désirable que l'Université
conserve un contact aussi étroit que possible.
Les élèves du cours d'histoire du droit moderne ont
assisté à la landsgemeinde de Glaris où ils ont eu l'occasion,
sous la direction de leur maître, M. Liebeskind,
d'apprendre à connaître une de nos plus antiques et
vénérables institutions du droit public suisse. Comme
l'année précédente, une série de leçons sur des sujets
spéciaux ont été données au Bureau international du
Travail par plusieurs fonctionnaires de cette institution
à l'intention des étudiants des Facultés de Droit, des
Sciences économiques et sociales et de Médecine.
La Faculté de Médecine, poursuivant ses efforts en
vue d'organiser l'enseignement destiné aux professions
auxiliaires, a décidé de patronner un cours de diététique
à 1' usage des infirmiers et des infirmières. Elle a désigné
M. le professeur Bickel comme délégué chargé de la
représenter dans la Commission directrice de ce cours,
qui a été organisé, durant l'hiver 1931-1932, par l'Ecole
nouvelle d'infirmières à Genève, sous les auspices de la
Faculté de Médecine. Vu le succès obtenu par cet enseignement,
la Faculté a décidé d'accorder à nouveau son
patronage à un second cours qui aura lieu l'hiver prochain,
dans les mêmes conditions.
ADMINISTRATION. AFFAIRES INTÉRIEURES
Le 24 juin 1931, le Grand Conseil a adopté un arrêté
législatif ouvrant au Conseil d'Etat un crédit de
200.000 francs pour des travaux de réfection aux bâtiments
de l'Université et de l'Ecole de Médecine. A plusieurs
reprises le Bureau du Sénat avait attiré l'attention
de nos autorités sur la nécessité de procéder à des réparations.
Grâce à l'intervention énergique de M. le
Conseiller d'Etat Paul Lachenal, président du Département
de l'Instruction publique, et sur l'avis unanime
de la Commission, présidée par M. Edouard Chapuisat,
le Grand Conseil a bien voulu accorder les crédits nécessaires
sans qu'une opposition se manifestât.
Les travaux décidés ont été effectués en partie pendant
les vacances universitaires de l'été 1931, sous la
direction de M. Frank Martin, architecte cantonal. Ils
seront poursuivis au cours des prochaines vacances
d'été.
Le principal effort s'est porté sur l'aération et l'éclairage
des salles, ainsi que sur le mobilier. A l'Université,
la salle 44 a été agrandie, les salles 28, 30, 45, 46, la salle
du Sénat et la salle d'attente ont été remises à neuf.
Pour l'Aula, on a dû se borner, pour le moment, à la
réfection du plancher, à l'amélioration de l'éclairage et à
l'installation d'appareils de ventilation. A l'Ecole de
Médecine, deux salles de cours ont été rénovées; la salle
consacrée jusque-là au musée d'anatomie a été divisée
en plusieurs locaux servant de cabinets de travail et de
recherches à MM. les professeurs Weber et Wiki; la salle
des travaux pratiques et celles des exercices techniques
du laboratoire d'histologie et d'embryologie du professeur
Bujard ont été réunies et forment une grande salle
de travaux pratiques comptant 105 places.
L'Etat de Genève s'impose chaque année de grands
sacrifices pour l'instruction publique. Il vient de s'en
imposer un nouveau, dans une période très difficile pour
les finances publiques. Tous, professeurs, étudiantes et
étudiants, nous lui en sommes profondément reconnaissants.
Au nom de l'Université, j'adresse les plus vifs et
sincères remerciements à nos autorités cantonales, tout
particulièrement à M. le Président du Département de
l'Instruction publique qui ne cesse pas de nous donner
des témoignages d'intérêt.
Les crédits destinés aux travaux de réfection venaient
à peine d'être votés lorsque éclata la crise financière due
à la débâcle de la Banque de Genève, crise qui s'aggrava
encore sous l'influence de la situation économique mondiale.
A dix ans d'intervalle nous revivons une période
où des économies doivent être réalisées sur le budget
de l'Université. Bien que les dépenses aient diminué,
depuis 1923, de 90.000 francs et les recettes augmenté
de 40.000 francs, on demande à l'Université de nouvelles
compressions. Il y a là un problème extrêmement délicat,
dont ]e Bureau du Sénat et les Facultés ont fait une étude
approfondie pour ce qui est des économies réalisables à
bref délai. Cette étude va être reprise par la Commission
administrative pour ce qui concerne les réductions
à obtenir progressivement. Le Grand Conseil a déjà
opéré des suppressions de crédits dans le budget de 1932.
La Faculté des Sciences a été atteinte en la personne de
M. Fernand Chodat, professeur extraordinaire de botanique
appliquée, et de M. Charles Valencien, chargé de
cours pour l'analyse des denrées alimentaires; la Faculté
des Lettres en la personne de M. Louis Gielly, chargé de
cours pour l'histoire de l'art.
La Commission administrative, dont il vient d'être
question, est un organisme nouveau destiné à décharger
le Bureau du Sénat d'un grand nombre de questions
administratives. A partir du 15 juillet prochain, elle
remplacera, mais avec des pouvoirs plus étendus, la
Commission des fonds universitaires. Par délégation du
Sénat et du Bureau du Sénat, elle a notamment pour
mission de coordonner les efforts tendant au développement
de l'Université. A ce titre elle peut être appelée à
donner un préavis sur toutes les questions concernant les
bâtiments universitaires, ainsi que sur l'emploi du fonds
«Pour l'Université» recueilli par la Société Académique.
D'après le nouvel art. 33, la Commission administrative
se compose du recteur et de trois membres élus par
le Sénat; en outre, un représentant de la Société académique
de Genève, agréé par le Bureau du Sénat, lui est
adjoint avec voix consultative. Ont été élus pour la
période qui va du 16 juillet 1932 au 15 juillet 1934,
MM. les professeurs Victor Martin, R. Wavre et Georges
Werner; de son côté, le Comité de la Société Académique
a désigné M. le professeur Fr. Pfaeffli. La présidence a
été confiée à M. G. Werner, tandis que le secrétariat de
la Commission sera assuré par le secrétaire de l'Université,
M. A. Archinard.
Dans sa séance du 23 décembre, le Sénat a procédé
à une revision des articles du règlement intérieur concernant
les privat-docents; les modifications proposées ont
été soumises à l'approbation du Conseil d'Etat.
Signalons ici deux changements survenus dans le
personnel administratif.
M. Albert Roussy, le dévoué secrétaire de l'Université,
a pris sa retraite le 31 décembre dernier. C'est avec un
vif regret que non seulement le Bureau du Sénat mais
tout le corps professoral et les étudiants ont enregistré
la démission de celui qui a été à la fois le chef de cabinet
des recteurs et le conseiller paternel des étudiants. Premier
titulaire de ce poste, créé en 1908, M. Roussy a
organisé et développé le Secrétariat de l'Université à la
satisfaction de tous les recteurs et de tous les doyens qui
se sont succédé depuis vingt-quatre ans. Il a accompli
sa tâche avec beaucoup de compétence et de dévouement,
sans ménager ni sa peine ni son temps. En reconnaissance
des services exceptionnels qu'il a rendus à
l'Université, le Conseil d'Etat lui a conféré le titre de
secrétaire honoraire. De son côté, le Bureau du Sénat
lui a décerné la médaille universitaire. M. Roussy a été
remplacé au secrétariat de l'Université par M. André
Archinard, licencié en droit.
Trois mois plus tard, ce fut le départ de M. Emile
Clément, concierge de l'Université, qui a pris sa retraite
après vingt-quatre ans au service de notre Alma mater.
Le Recteur a exprimé à M. et Mme Clément les sentiments
d'estime et d'affection de tous les professeurs et
leur a remis la médaille de la reconnaissance universitaire.
Leur successeur, M. Gex, aura le titre d'huissier-concierge.
Dans sa dernière séance, le Sénat a désigné son Bureau
pour les années 1932-1933. Il a appelé M. le professeur
M. Roch à occuper la charge de recteur, M. le professeur
A. Richard, celle de vice-recteur, et M. le professeur
Paul-Edmond Martin, celle de secrétaire.
Arrivé bientôt au terme de mes fonctions, j'exprime
dès maintenant toute ma reconnaissance à MM. les
membres du Bureau du Sénat ainsi qu'à tous ceux qui
m'ont aidé dans ma tâche de recteur. Je n'oublie pas
mes collaborateurs du corps administratif de l'Université
et je suis heureux de constater qu'une bonne harmonie
n'a cessé de régner au sein des divers services. Je
tiens à remercier tout d'abord M. Albert Roussy et
son successeur M. André Archinard, M. J. Mossaz,
caissier de l'Université et son adjoint M. G. Michaud,
M. Edm. Cosandier, secrétaire des doyens et M. P.
Brisselet, appariteur. Je veux mentionner aussi M. et
Mme E. Clément qui nous ont quittés il y a quelques
mois, et leur successeur M. J. Gex. Qu'ils reçoivent tous
l'expression de ma plus vive reconnaissance.
NOS ÉTUDIANTS
Au semestre d'hiver le nombre des personnes inscrites
aux cours de l'Université a été de 1553, dont 1138 étudiants
réguliers et 415 auditeurs. Nous constatons avec
satisfaction une augmentation de 91 étudiants sur le
semestre d'hiver 1930-1931.
Le nombre des grades conférés pendant l'année
universitaire a été de 205 dont 72 doctorats. On en
trouvera la liste à la suite de ce rapport. Quant au
Séminaire de français moderne, il a décerné 5 diplômes
d'aptitude à l'enseignement du français moderne et
25 certificats d'études françaises.
La Bourse Albert Gallatin (3.000 francs) mise à la
disposition du Comité d'échange d'étudiants avec les
Etats-Unis a été attribuée cette année à M. William
Carter qui s'est inscrit à la Faculté des Sciences économiques
et sociales et à l'Institut universitaire de
Hautes Etudes internationales. On sait que la moitié du
montant de cette bourse est due à la générosité de la
Société Académique. Les Etats-Unis ainsi que d'autres
gouvernements étrangers nous ont encore envoyé
d'autres étudiants à titre de boursiers. De notre côté
nous avons pu envoyer deux de nos étudiants aux Etats-Unis.
Tout récemment, M. Arnold Mobbs a obtenu
la Bourse suisse de l'«Union theological Seminary» de
New-York pour l'année 1932-1933.
Les sociétés d'étudiants ainsi que les diverses organisations
en faveur des étudiants ont, cette année encore,
largement contribué au développement de la vie universitaire.
C'est toujours avec plaisir que nous avons assisté
à leurs nombreuses manifestations: soirées littéraires et
théâtrales, séances commémoratives, conférences, réunions
sportives, bals, etc.
Les comités directeurs de ces divers groupements ont
droit à notre vive reconnaissance. Leur énumération
serait trop longue. Je tiens cependant à remercier tout
particulièrement tous ceux qui ont contribué à la bonne
marche du Foyer des Etudiants et du Foyer des Etudiantes,
de la Caisse d'Assurance en cas de maladie,
de l'Entr'aide universitaire, de l'Association générale
des Etudiants, de l'Union internationale des Etudiants
et du Comité de Patronage des Etudiants.
Nos remerciements vont aussi à la Commission sportive
et au Comité de la Société sportive présidé par
M. Hafner, à son directeur, M. le Dr Brandt et à son
chef technique M. Bouffard, pour tout le travail qu'ils
ont fourni en faveur du développement de la culture
physique et du sport parmi nos étudiants.
CÉRÉMONIES UNIVERSITAIRES
INVITATIONS ET DÉLÉGATIONS
La séance de rentrée a eu lieu le 25 octobre. Après une
allocation du recteur, M. le professeur Auguste Gampert
a donné une conférence intitulée: «Pouvons-nous remonter
au Déluge?»
Le 3 février 1932, la Faculté des Lettres s'est associée
à la Société d'Etudes allemandes pour commémorer le
Centenaire de la mort de Ch.-W. de Bonstetten dont
l'oeuvre et la vie ont été rappelés sous leurs aspects
divers par MM. les professeurs Bohnenblust, Victor
Martin, A. Oltramare et A. Thibaudet.
Puis, le 10 mars, ce fut le tour du Centenaire de la
mort de Goethe. A la cérémonie commémorative, également
organisée par la Société d'Etudes allemandes,
M. Bohnenblust fut le principal orateur. L'Université
s'était fait représenter par son recteur et par te doyen
de la Faculté des Lettres qui prononça quelques paroles
après le président Motta et Son Excellence Monsieur
l'ambassadeur d'Allemagne, Nadolny.
Le même jour, à 15 heures, la Faculté des Sciences a
inauguré, à l'Institut de Physique, la Salle Rudolf Jan
Reiger, destinée aux recherches sur les rayons X. Ce
nouveau laboratoire est dû à la générosité de Mme Reiger
qui nous en a fait don en souvenir de son mari, un ami
de notre ville et de notre université.
La Faculté des Sciences a pensé qu'il convenait de ne
pas laisser passer le centenaire de la mort d'Edouard
Claparède sans rappeler la mémoire du grand naturaliste
qui, bien que mort prématurément, a laissé derrière lui
une oeuvre remarquable. La séance commémorative a eu
lieu le 27 avril à l'Aula de l'Université sous la présidence
de M. Eugène Pittard.
Le recteur a eu le privilège d'assister à de nombreuses
séances et cérémonies parmi lesquelles je me bornerai
à citer les cultes commémoratifs à la Cathédrale de
Saint-Pierre (1er août, le 11 et le 31 décembre).
La Conférence des recteurs des universités suisses ne
s'était pas réunie depuis plusieurs années. Sur l'initiative
du président actuel, M. Arnold Reymond, recteur de
l'Université de Lausanne, une séance a eu lieu, le 21 mai,
au Sanatorium universitaire de Leysin, dirigé avec tant
de dévouement par M. le docteur Louis Vauthier.
Congrès. — Pendant l'été 1931 trois congrès internationaux
ont eu lieu à Genève sous la présidence de trois
professeurs de notre université avec la collaboration de
plusieurs de leurs collègues: le 6me Congrès international
des accidents et maladies du travail, présidé par M. le
professeur Ch. julliard; le Congrès international des
linguistes, présidé par M. le professeur Ch. Bally; la
première Conférence de la Société internationale de
Pathologie géographique, présidée par M. le professeur
Askanazy.
Délégations. — L'Université a été conviée à diverses
solennités et à des congrès. Elle a été représentée, en
juin 1931, au 4me Centenaire du Collège de France, par
son recteur; en août 1931, au Centenaire de Faraday à
Londres, par M. le professeur J. Weigle; en septembre
1931, au Congrès international des orientalistes, à. La
Haye, par M. le professeur Victor Martin; au Congrès
international pour les études sur la population, à Rome,
par MM. les professeurs L. Hersch et Eugène Pittard;
en mars 1932, au Congrès de l'Association Guillaume
Budé, à Nîmes, par M. le professeur Albert Thibaudet; au
Congrès de linguistique romane, à Rome, par M. le professeur
A. François; au Centenaire de Fournier à Paris,
par M. le professeur Ch. DuBois. Le 27 juin prochain le
recteur prendra part aux fêtes du 3me Centenaire de
l'Université d'Amsterdam.
DONS ET ALLOCATIONS DIVERSES
Les héritiers de M. le Dr Albert Reverdin ont offert à
l'Université un portrait de M. le professeur Auguste
Reverdin peint par Mule Rapin. Déposé d'abord à la
Salle Ami Lullin, ce portrait se trouve actuellement à la
Salie Moynier que fréquentent les nombreux médecins
de notre ville désireux de consulter les périodiques de
leur spécialité.
M. Help, ingénieur, a fait don au Laboratoire de
Physique de plusieurs instruments appelés à rendre de
grands services au Laboratoire.
Cette année encore la Société coopérative des pharmacies
populaires nous a remis une somme de 500 francs
qui a été versée au fonds de l'Ecole de Pharmacie.
L'Association des Anciens Etudiants nous a versé une
somme de 500 francs destinée à venir en aide au Foyer
des étudiants.
L'an dernier nous avons eu le plaisir d'annoncer l'offre
d'un don important de la fondation Rockefeller à New-York
en faveur de la construction et de l'équipement
général d'une station de zoologie expérimentale. Cette
offre était soumise, toutefois, à la condition que l'Université
fournisse le terrain et assure l'entretien du laboratoire.
Ces conditions ont pu être remplies grâce à l'appui
de l'Etat et au généreux concours de la Société Académique,
qui a bien voulu mettre à la disposition de
l'Université une somme de 75.000 francs pour l'acquisition
et l'aménagement du terrain. Le choix du comité
s'est porté sur une parcelle située route de Malagnou sur
la commune de Chêne-Bougeries. La construction de
l'Institut commencera dès les vacances d'été 1932.
Le Fonds Eugène Richard a bénéficié d'un don de
300 francs offert par un généreux anonyme.
Comme par le passé, la Société Académique a joué son
rôle de précieux auxiliaire en accordant des subsides à
nos divers Instituts. Les allocations s'élèvent à
20.725 fr. 50 sur ses fonds ordinaires, à 28.979 fr. 10 sur
ses fonds spéciaux et à 5.550 fr. sur le fonds Gillet,
soit au total à 55.254 fr. 60. Cette somme comprend
l'ensemble des dons faits pendant le dernier exercice à
l'Université, à la Bibliothèque Publique et Universitaire
et à l'Observatoire.
A ces allocations viennent s'ajouter, pour quelques uns
de nos laboratoires, celles qui proviennent des fondations
universitaires avec destination spéciale au nombre desquelles
nous tenons à rappeler le fonds Dr Constantin
Topali, pour subventionner des recherches biologiques
effectuées dans les laboratoires de la Faculté des sciences;
le fonds Wander, pour l'Ecole de Pharmacie; le fonds
Reiger, pour l'Institut de Physique; le fonds Muller et
le fonds Dr Laurent Rehfous-Collart, pour l'Institut
de Botanique.
Dans les temps difficiles que nous traversons, nous
ressentons une gratitude particulière pour tous ceux qui,
par leurs largesses, concourent au développement de
nos enseignements. Au nom de l'Université j'exprime
notre profonde reconnaissance à tous les donateurs.