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RÉPONSE DES MEMBRES DU RECTORAT

M. CLAUDE BRIDEL, RECTEUR
Mesdames, Messieurs,

Voici donc, terme inusité dans le vocabulaire oratoire du Dies Academicus, la réponse du Rectorat entrant en charge. Réponse à beaucoup de personnages dont certains seront nommés tout à l'heure, réponse que doivent quatre professeurs à ceux qui les interpellèrent de manière insistante il y a plus de huit mois, et qui ne cesseront plus de le faire — gageons-le — au long des quatre années qui s'ouvrent, réponse à des appels, réponse à des discours, réponse à l'amitié, réponse à la confiance.

«De mon costé, d'autant qu'estant d'un naturel un peu sauvage et honteux, j'ay tousjours aimé requoy et tranquillité, je comnençay à chercher quelque cachette et moyen de me retirer des gens: mais tant s'en faut que je veinsse à bout de mon désir, qu'au contraire toutes retraittes et lieux à l'escart m'estoyent comme escholes publiques.» Vous avez reconnu peut-être le fameux récit de Jean Calvin narrant comment, serré de plus en plus près par les sollicitations du service, il dut enfin rendre les armes et se mettre à l'oeuvre dans un chantier qu'il n'avait pas choisi. C'était à Genève, sans doute, mais la voix qui le convainquit avait retenti en bien des lieux de la terre vaudoise: Guillaume Farel parla et retint son ami sur le chemin de ses projets «non pas tant par conseil et exhortation, que par une adjuration espovantable...».

Nos quatre professeurs quant à eux étaient certes et depuis longtemps en «eschole publique», et la parole du président du Sénat provoque le respect plutôt que l'épouvante. A cela près, l'histoire s'est un peu répétée atteignant en perfide des hommes d'âge mûr, heureux de leurs projets et comblés de leur sort. Qu'allait

donc éveiller un tel coup de semonce dans la calme flottille? La réserve impose au chroniqueur de taire les sentiments contrastés qui se mirent à foisonner jusqu'à l'engendrement plus ou moins laborieux d'authentiques motivations. Toujours est-il que, vaille que vaille, le 15 mars s'acheva sur un quadruple oui. Mais ce n'était pas et ce n'est pas encore une vraie réponse; en voici maintenant tout juste le début.

Monsieur le Conseiller d'Etat,

Semblable en cela à certains prophètes de l'Ancien Testament, et pas des moindres, vous avez proféré l'an dernier un oracle qui ne s'est point réalisé dans les délais. Entraîné par l'ardeur d'une belle conviction, vous déclariez ici même qu'au 31 janvier suivant l'Université serait dotée d'un nouveau Rectorat. L'indolence de votre Israël académique a différé de six longues semaines ce que les pédants nomment le terminus ad quem, et le Rectorat désigné son terminus a quo. Pour votre patience, assidûment sollicitée par notre président, nous vous disons la gratitude de l'Université.

Permettez que, de surcroît, nous nous extasiions publiquement et, si vous le voulez bien avec vous, devant la répétition d'un phénomène propre à l'Université vaudoise et que notre nouvelle Loi a sanctionné pour sa part. Le Rectorat, chez nous, est un pur produit du Sénat; il n'a besoin pour exister légalement d'aucune ratification de la part du gouvernement; il lui suffit d'être pour que vous le reconnaissiez comme interlocuteur et collaborateur responsable. Tel n'est pas le cas chez nos voisins, si je vois bien, ce qui pourrait nous enorgueillir trivialement, mais nous pousse plutôt à trembler un peu devant tant d'autonomie vraie.

Il n'empêche qu'à partir de là, la Loi dispose que nous ayons à vivre sous votre «haute surveillance». Nous n'aurons garde de l'oublier, soyez-en bien certain, encore que des novices comme nous doivent approcher progressivement la signification profonde de l'expression. Comment devenir et rester, sans flagornerie ni respect simulé, une Université, un Rectorat «hautement surveillé»? Retourné de la sorte, le mot prend un petit air «carcéral» propre à faire frémir ceux qui repassent depuis plus de deux ans dans leur

coeur les paroles généreuses de nos chefs de Département sur l'autonomie et la liberté académiques. Ce sont elles, ces paroles, plutôt que nos douteux jeux de mots que nous allons croire, sachant du reste que bienveillance et confiance ne relèvent guère de la terminologie des Lois, même si ces attitudes caractérisent l'accueil et les premiers contacts que vous avez bien voulu nous ménager. Nous n'avons, Monsieur le Conseiller d'Etat, aucun goût pour les ébats du chat et de la souris, et nous nous faisons de notre mission une idée trop arrêtée pour vous offrir moins que notre fermeté, notre loyauté et notre respectueux entêtement à faire valoir les intérêts de l'Université.

Monsieur le président du Sénat, Mesdames et Messieurs les membres du corps enseignant, Chers collègues,

Les semaines électorales que nous avons vécues au mois de mars dernier, pour importantes qu'elles furent, ne constituent qu'un épisode dans notre vie de professeurs. Nous voulons croire que, pour vous comme pour nous, elles n'ont aucunement marqué je ne sais quel changement de substance en ceux que vous avez portés aux responsabilités. Professeurs nous sommes, professeurs nous restons, ce sont bien quatre d'entre vous qui assurent désormais la conduite de notre maison. Ce qui signifie à nos yeux au moins deux choses.

En premier lieu, forts du statut qui nous est concédé et reconnaissants de la confirmation que vous lui avez donnée le printemps passé, nous nous sentons clairement mandatés pour agir au-dedans comme au-dehors en tant que membres à part entière de notre confrérie. Nous pouvons, grâce à votre compréhension, continuer à exercer dans les limites du possible une part honorable de nos tâches d'enseignement et de recherche. Mais nous pouvons surtout nous réclamer de cette confraternité pour établir, avec vous tous et, peut-être, avec chacun d'entre vous, des rapports directs et personnels, seuls capables de rendre efficace le fonctionnement de notre complexe organisation. Un peu trop enfermés jusqu'ici dans l'horizon de nos Facultés et le groupe de nos plus proches collègues,

nous allons essayer de proposer au plus grand nombre notre intérêt, une ouverture active à leurs préoccupations et projets, en un mot l'amitié que chacun voudra bien accepter.

Mais il est clair en second lieu que nous ne saurions perdre la mémoire de nos rêves et désirs du temps que nous étions dans le rang. Ces fantasmes se retournent aujourd'hui contre nous et, c'est un peu fatal, contre vous. Pour tout dire, nous nous mettons au défi de conduire l'Université avec le Sénat et le corps enseignant de tous les niveaux, ce qui entraîne de notre part la recherche opiniâtre de formes nouvelles de collaboration avec vous et, de votre côté, la perspective de subir l'assaut constant de nos questions, de nos consultations, de nos demandes de participation active. Après un mois de dialogues exploratoires, nous croyons percevoir parmi vous de nombreux signes d'une disponibilité à ce type d'engagement mutuel, et nous vous en disons une gratitude chargée d'espoir.

Messieurs les membres du Rectorat sortant,

Vous le savez, nous avons vivement souhaité que vous preniez la parole ce matin; il nous semblait que, sans verser dans le rétrospectif, vous deviez une fois encore à votre auditoire des grands jours la densité de votre réflexion et la fermeté de vos vues, ne serait-ce que sur le cours d'une année dont vous aurez vécu la plus grande moitié à la tête de l'Université. Pour des raisons qui tiennent à la fois d'une option de droit et de la délicatesse des sentiments, vous avez décliné notre offre; vous pensiez en effet que le temps était venu de remettre au président du Sénat la responsabilité jadis assumée par le Recteur sortant de présenter son successeur, et surtout vous ne vouliez rien dire qui pût ressembler aux conseils de l'expérience, encore moins au testament spirituel des anciens aux nouveaux. Votre résolution n'étant pas de celles qu'on se permet de combattre par l'insistance, nous nous sommes inclinés, ayant compris qu'il s'agissait en fait dans votre silence de respect pour la continuité de notre institution et d'une belle leçon de collégialité.

Il ne m'est dès lors pas possible de vous adresser au nom du Rectorat la réponse, au sens strict du terme, qu'un discours aurait provoquée. Pour autant, chacun ici peut bien penser que nous

ne manquons ni de raisons, ni de moyens pour dire, de la place qui est la nôtre maintenant, un peu de ce que nous devons à ceux qui l'ont occupée jusqu'au début de cet automne. Il ne sera pas dit que, sur ce point précis, l'Université se comporte comme les républiques.

De la montagne de documents que nous tentons d'approcher depuis quelques semaines et qui porte témoignage de onze années de labeur passionné, nous connaissions déjà la voie directe que représente la collection de vos discours du Dies où vous avez donné l'écho le plus marquant de votre lucidité grandissante, de votre rigueur de jugement, de votre information jamais en défaut, de vos décisions aux vastes perspectives. Selon le génie propre de chacun des cinq hommes qui ont constitué vos diverses équipes, la ligne tracée le 21 novembre 1968 par M. le conseiller d'Etat Pradervand a été suivie au plus près, souvent avec audace, tantôt avec une combativité qui ne fut pas à chaque fois du goût de tout le monde, mais toujours dans la loyauté et la droiture.

Vos successeurs, Messieurs et chers collègues, accèdent dans la pratique de leurs nouvelles fonctions à bien d'autres stimulations encore que ces injections annuelles. A chaque pas de leur vie quotidienne, ils découvrent les points de repère que vous avez fixés, les chemins que vous avez frayés, les murs que vous avez dressés pour que nous nous y adossions. Ce qui devait être fait l'a été, ce qui doit être projeté l'est clairement; vous avez agi et pensé conjointement et nous, qui arrivons peut-être trop tard pour la doctrine et trop tôt pour l'invention originale, nous ne pouvons que prendre le premier rang de ceux qui vous remercient. Restez près de nous, chers collègues; silencieux en public, nous vous savons discrètement et efficacement disponibles pour la tâche qui se poursuit.

A ce point de mon propos passe une ombre certaine de nostalgie; je ne pourrai, comme mes devanciers, interpeller le porte-parole des étudiants. Je sais, en 1968 déjà, c'était le président démissionnaire d'une AGE en agonie qui croisait le fer avec le recteur Rivier; après tout, peu importe ce qu'était son statut, il était là. Cette voix juvénile, aujourd'hui transformée en plume

journalistique, apportait à nos graves cérémonies le message inquiet et exigeant de la génération pour laquelle nous travaillons et luttons, Elle me manque singulièrement, cette voix inconfortable, si mal remplacée dès lors par les manifestations éparses de petits groupes éphémères, et plus mal encore par la morosité même studieuse du trop grand nombre. Qu'ils sachent toutefois, les quelque cinq mille étudiants de cette Université — il s'en trouve apparemment quelques-uns dans vos rangs —que le Rectorat cherchera sans relâche à les rejoindre et à les écouter, dans un dialogue qui s'impose, même s'il doit être aride et semé d'embûches.

Mais il est temps d'en finir, Mesdames et Messieurs, avec les salutations par catégories. Je ne le ferai pas toutefois sans avoir dit la confiance que nous voulons marquer à nos collaborateurs des services administratifs et techniques. Que ferions-nous sans leur concours précis et avisé! Nous les remercions ici, non seulement pour le droit exercice de leurs spécialités professionnelles, mais aussi pour la part qu'ils prennent à la marche générale de la maison. Et, par-delà ces indispensables éléments de notre soutien, c'est vers vous tous que nous nous tournons, autorités du pays, représentants d'Universités soeurs, amis à divers titres de notre institution; nous saurons compter sur vous comme nous y invite votre présence chaleureuse.

Tout étant en place maintenant, le rideau peut se lever, oh, certes pas sur une grande première, mais sur une première quand même. Nous inaugurons en effet les dispositions nouvelles de la Loi universitaire concernant l'entrée en fonctions d'un nouveau Rectorat; c'en est fini des arrêtés provisoires, place à la légalité. A vrai dire, la Loi ne s'exprime nulle part sur les formes de l'inauguration, mais on peut les déduire de quelques grands principes qui, eux, sont bien posés; nous avons vu que le Rectorat sortant s'est livré à cet exercice pour sa part.

Introduits donc par le président du Sénat et fortifiés par l'intervention de M. le chef du Département, les membres du Rectorat ont à coeur de révéler maintenant comment ils se situent face à leur

nouvelle mission. La Loi faisant d'eux un collège, c'est en tant que tel qu'ils vont s'exprimer par une sorte de symphonie en quatre mouvements —très brefs, rassurez-vous. Le thème en sera simple. Durant les mois du printemps et de l'été, ils ont assuré leur accord collégial en méditant très particulièrement sur les exigences nouvelles et renouvelées de cette Loi fameuse; ils en ont prélevé l'article 2 qui traite des buts de l'Université et vous livrent en résumé le fruit de leur réflexion.

C'est en somme un essai de réponse collective au législateur, où l'on entend tour à tour le psychologue sensible aux choix professionnels, le scientifique attentif à la communication du savoir, le littéraire épris de culture authentique et le théologien qui voudrait être un peu plus que le symbole ancestral de nos origines.

M. CLAUDE BRIDEL, RECTEUR

L'article programmatique de la Loi du 6 décembre 1977 s'achève non sans solennité par la proclamation de ce qu'elle nomme les «principes scientifiques fondamentaux» qui doivent inspirer l'action de l'Université. Va pour l'adjectif «scientifique» qui peut faire sérieux aux yeux de certains, mais il s'agit en fait ici de l'énoncé des règles essentielles d'une éthique universitaire. Ainsi considérés, les quatre principes énumérés peuvent se ramener à trois mots d'ordre: objectivité, rigueur, respect de la pensée d'autrui; les deux premiers caractérisent un comportement intellectuel à l'égard des phénomènes, des idées et des méthodes, le troisième fait intervenir l'environnement humain de toute entreprise de l'intelligence. Le petit mot autrui qui clôt l'article nous rappelle à propos qu'il n'est pas de pensée sans l'homme de chair et de sang qui la produit, et qu'une fois éclose cette pensée ne s'épanouit qu'en dialogue. Vous comprendrez, Mesdames et Messieurs, que ma réflexion personnelle se soit attachée par excellence à la discrète mais ferme invitation que le petit mot nous adresse.

II m'aurait certes infiniment plu que le texte nous conviât tout uniment à respecter autrui dans l'exercice de nos travaux multiples et divers. Je vois bien qu'il vise en premier lieu à m'interdire la falsification des paroles et des écrits dont je ne suis pas l'auteur, en me pressant comme toute bonne loi de ne pas disposer d'un bien qui ne m'appartient pas. N'empêche que je peux me demander en homme qui réfléchit, et qui plus est en théologien, pourquoi le législateur tient à ce point à mon honnêteté et veut me mettre en garde contre les graves conséquences d'une désobéissance à ses injonctions. De toute évidence, c'est parce qu'il voit dans cette

transgression une atteinte insupportable aux relations dont il est le garant entre ceux qu'il a mission de faire vivre ensemble; que s'instaure la malhonnêteté des plagiaires et des faussaires entre serviteurs du savoir, et la machine sociale se grippe en un rouage important: comment pourra-t-on faire confiance au meilleur réseau de communication si le message qu'il véhicule n'est au départ qu'une tromperie.

L'homme est donc là tout entier, avec sa liberté de choix et ses défaillances, ses fragiles certitudes et son penchant à les imposer, fût-ce au prix de quelques manipulations. Son accession aux plus hautes sources du savoir ne le met pas à l'abri d'une nature que l'acquisition de nouvelles connaissances porte plus souvent qu'on ne croit à l'irrespect, pour ne pas aller jusqu'au mépris de la pensée, autrement dit de l'homme qu'il entrevoit comme différent. Et déjà le voilà sur la pente glissante de sa propre déshumanisation; est-il encore un homme, je ne dis même plus un universitaire digne de ce nom, celui pour qui l'autre qui ne partage pas ses opinions est tout juste bon pour le sourire méprisant, quand ce n'est pas à la diatribe terroriste ou au rejet pur et simple dans les ténèbres du dehors?

Respecter autrui donc, comme nous y convie la loi vaudoise, Mais qui est autrui? Pierre Maury, le théologien français à qui ma génération doit beaucoup, écrivait quelque part que ce mot est l'un des plus glacés de la langue française, et montrait avec bonheur la révolution opérée par le Christ en lui substituant celui de prochain. Disciples ou non de l'homme de Nazareth, nous pouvons, me semble-t-il, nous accorder très largement sur cette conception des relations humaines, du moins dans les structures que nous pouvons encore maîtriser. Ce n'est pas à des professeurs qu'il faut apprendre le gain inestimable que constitue la conversation au cours de quelque lointain congrès avec un collègue jusque-là autrui, dont on avait lu tous les livres et même contemplé toutes les photos! Mais cet autrui anonyme dont on peut enfin serrer la main et recueillir la parole estimée, n'est-il pas aussi, je vous le demande, le plus proche géographiquement parlant de nos travaux de recherche et d'enseignement, ou le voisin d'étage à Dorigny, ou

l'étudiant qu'une heureuse disposition me fait rencontrer à la table du déjeuner de midi?

On use depuis longtemps, mais peut-être avec une prédilection plus marquée ces dernières années, de l'appellation de «communauté universitaire» pour décrire communément l'ensemble de ceux qui travaillent, à quelque niveau que ce soit, dans les bâtiments qui nous sont dévolus. Voilà bien un de ces termes qu'on ne devrait prononcer qu'après l'avoir dûment soupesé. Proche parent par l'étymologie de l'adjectif qu'on lui accole, il fut jadis avec lui en relation quasi tautologique: il allait bien de soi que l'Université fut une communauté. Je ne sais si l'on se leurrait alors sur la prétendue unité des hommes et du savoir qu'ils servaient, et je pense qu'on a mal usé et qu'on use mal du mot de communauté, quand on l'ampute de sa connotation «eschatologique» —j'entends par là son caractère toujours inachevé et relatif en dépit de sa nécessité dans le temps présent. Mais ce dont j'ai la conviction, c'est le devoir pressant où nous sommes, à l'Université plus qu'ailleurs sans doute, d'apprendre à mieux vivre ensemble, à nous écouter, à nous parler.., dans le respect.

Je n'ai pas à développer maintenant un programme particulier concernant ces choses anciennes et nouvelles, ce serait présomption de ma part après six semaines de Rectorat. D'autant plus qu'une occasion toute formelle nous est offerte de chercher ensemble à l'exprimer. Le Sénat, en effet, non sans avoir consulté tous ceux qu'une commission de travail a pu atteindre, va devoir mettre au point un projet de Règlement général en rapport avec la Loi de 1977. Exercice fastidieux, mornes séances en perspective, diront ceux qui n'auront par perçu l'enjeu de débats et d'échanges portant précisément sur le fonctionnement pratique de notre institution, mieux encore, sur l'effort commun d'hommes et de femmes appelés à une même mission. Qu'on me pardonne le lyrisme un peu homilétique de cette exclamation, il trahit mon ferme espoir de rencontrer bientôt des collègues attentifs, bien sûr, à fixer des règles satisfaisantes pour la nomination d'un corps enseignant de valeur, ou encore l'organisation d'examens suffisamment révélateurs des capacités des candidats, mais des collègues, aussi, soucieux de faire

passer dans des textes applicables ces grandes caractéristiques d'une communauté, puisqu'il faut l'appeler par son nom: la concertation, l'information, la cohésion.

Nos soucis demeurent quant à l'avenir de l'Université; nous les avons hérités du Rectorat sortant qui les a portés vaillamment, L'accroissement du nombre des étudiants se poursuivra ces années prochaines, entraînant la nécessité d'un renforcement de leur encadrement et le développement de nos équipements; il va falloir nous installer pour la plupart à Dorigny et donner quelque chose comme une âme aux bâtiments que le pays nous offre; quantité et qualité vont continuer leurs requêtes conjointes... Tout cela est connu, mais tout cela ne s'accomplira valablement que par et pour et avec une Université qui présente à tous un visage clair, résolu et —pourquoi ne pas le dire —joyeux.

Ici s'achève, Mesdames et Messieurs, notre petite musique. Chacun peut supposer que le point d'orgue ne s'éternisera pas; la tâche nous appelle. Et puisque les suffrages du Sénat ont voulu qu'un serviteur de la Parole décisive prenne la tête de l'équipe rectorale, laissez-le reprendre à son compte le mot du psalmiste qui n'avait que trop discouru devant son Seigneur: «J'ai fermé la bouche, je ne l'ouvrirai plus, car c'est toi qui agis.»