reden.arpa-docs.ch Rektorats Reden © Prof. Schwinges
Textbreite
Schriftgröße
Kapitel 

Allocution du professeur Eric Jeannet,

recteur sortant de charge
Monsieur le Recteur,

C'est en votre nom que nous remercions nos hôtes d'avoir répondu à notre invitation et que nous leur souhaitons une cordiale bienvenue.

Mesdames et Messieurs,

Nous avons l'honneur de saluer personnellement:

Monsieur Pierre Duckert, président du Grand Conseil neuchâtelois;

Monsieur Jacques Béguin, président du Conseil d'Etat;

Monsieur René Felber, conseiller d'Etat;

Monsieur Jean Cavadini, conseiller d'Etat, chef du Département de l'instruction publique, qui s'exprimera tout à l'heure.

Nous sommes honorés de la présence de:

Madame et Messieurs les représentants neuchâtelois aux Chambres fédérales;

Mesdames et Messieurs les députés au Grand Conseil neuchâtelois;

Monsieur André Buhler, président de la Ville de Neuchâtel;

Monsieur Francis Matthey, président de la Ville de La Chaux-de-Fonds;

Monsieur Francis Jaquet, conseiller communal du Locle, directeur de l'instruction publique;

Mesdames et Messieurs les représentants des villes et villages du canton;

Monsieur Rolf Deppeler, secrétaire général de la Conférence universitaire suisse;

Madame Marie-Claude Boss-Ormond, secrétaire générale de la Conférence universitaire romande;

Monsieur Urs Hochstrasser, directeur de l'Office fédéral de l'éducation et de la science;

Monsieur Peter Fricker, secrétaire général du Fonds national suisse de la recherche scientifique.

Nous sommes heureux de saluer:

Monsieur Jean-François Robert, vice-président de l'Université de Besançon, notre jumelle;

Monsieur le professeur Hans Siegwart, président de la Conférence des recteurs suisses;

Monsieur Augustin Macheret, recteur de l'Université de Fribourg;

Monsieur Aloïs Riklin, recteur de l'Université de Saint-Gall;

Monsieur Hans von Gunten, recteur de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich;

Monsieur Robert Fricker, prorecteur de l'Université de Berne;

Monsieur Emile Gautier, vice-recteur de l'Université de Lausanne;

Monsieur Pierre Pittet, secrétaire général de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.

Nous sommes sensibles à la présence:

des représentants des associations culturelles;

des établissements d'enseignement de la région;

de nos docteurs honoris causa;

des membres du Conseil de l'Université et du Conseil rectoral;

des représentants des associations d'étudiants.

Nous saluons la présence de Mesdames et Messieurs les professeurs, chargés de cours, chefs de travaux, assistants, collaborateurs scientifiques, techniques et administratifs ainsi que Mesdames et Messieurs les étudiants qui ont, un instant, abandonné leurs études.

Parmi les nombreuses personnalités qui se sont excusées de ne pouvoir être des nôtres en ce jour, je dois mentionner M. Pierre Aubert, président de la Confédération, retenu par le temps qu'il consacre à la conférence sur la réconciliation du Liban.

Mesdames et Messieurs,

Si la loi sur l'Université fixe au 15 octobre le début du semestre d'hiver et, par conséquent, la date d'entrée en fonction des nouvelles autorités de l'Alma mater, la tradition veut que le recteur sortant préside encore la première partie de la cérémonie du Dies. Ce sera pour moi, tout d'abord, l'occasion de présenter au public les personnes qui dirigeront l'Université, quatre années durant pour les membres du rectorat, deux années pour les doyens et une année pour le président du Sénat. Ce sera ensuite l'occasion de présenter un bref rapport sur l'année universitaire 1982-1983 et de dire à chacun ma reconnaissance pour l'aide apportée à l'Université et pour le soutien dont j'ai bénéficié.

Je passe donc aux présentations:

Tout d'abord notre recteur, le professeur Jean Guinand, à qui la robe noire donnerait un caractère trop austère si elle n'était heureusement égayée par la couleur rouge propre à la Faculté de droit et des sciences économiques;

M. Rémy Scheurer, vice-recteur, professeur d'histoire du Moyen Age et de la Renaissance, pour qui la couleur bleue représente son appartenance à la Faculté des lettres et non un engagement politique;

M. André Aeschlimann, vice-recteur, professeur de biologie animale et de parasitologie, pour qui le vert de la Faculté des sciences n'a pas de connotation particulière;

M. Maurice Vuithier, secrétaire général, dont le costume de ville atteste une indépendance totale à l'égard des facultés. A ses côtés, vous reconnaîtrez certainement M. Maurice Erard, président du Sénat, professeur de sociologie.

MM. les doyens ont pris place au deuxième rang; ce sont, pour les lettres, M. Pierre Centlivres, professeur d'ethnologie; pour les sciences, M. Hans Beck, professeur de physique théorique; pour le droit et les sciences économiques, M. François Knoepfler, professeur de droit international privé et de droit civil comparé, et pour la théologie M. Jean Zumstein, professeur de Nouveau Testament, dont le violet, dernière couleur de l'arc en ciel, marque l'extrémité du spectre décanal. A côté de ce quartette de doyens —je n'ai pas dit quarteron — M. André Allemand, directeur du Séminaire de français moderne, représente une section qui jouit d'une grande autonomie au sein de la Faculté des lettres. Les présentations seraient incomplètes si je ne mentionnais mon ange gardien, M. Willy Fasnacht, aussi fidèle que serviable.

L'année universitaire qui s'est achevée le 14 octobre fera l'objet de rapports détaillés dans les Annales 1982-1983; aussi me bornerai-je à relater brièvement quelques événements marquants.

Je dois tout d'abord mentionner avec une grande tristesse le décès de trois étudiants: Mlle Lise Pieren, étudiante à la Faculté des lettres, M. Jean-Michel Simon, étudiant à la Faculté des sciences, et M. Olivier Bubloz, étudiant à la Faculté de droit et des sciences économiques. Tout comme leurs camarades d'études, leurs assistants et leurs professeurs, nous garderons un souvenir ému de ces étudiants dont la maladie d'une part, un accident de la circulation d'autre part, nous ont séparés trop tôt.

Le 14 octobre, cinq collègues nous ont quittés pour bénéficier d'une retraite méritée et l'Université en prend congé officiellement aujourd'hui. Ce sont MM. Claude Favarger, professeur de botanique, ancien recteur, ancien doyen; Marc Eigeldinger, professeur de littérature française, ancien doyen;

Jean Rossel, professeur de physique expérimentale, ancien doyen; Ernest Schülé, professeur extraordinaire de dialectologie, et Paul Dinichert, professeur extraordinaire de physique des surfaces. D'autres, plus compétents que moi, ont déjà eu l'occasion de rappeler leurs travaux et leur carrière et d'en dire les mérites. Qu'ils reçoivent ici l'expression de la gratitude de l'Université!

Mais, si d'aucuns nous quittent, d'autres leur succèdent dans des tâches qui ont été, chaque fois, discutées, évaluées et redéfinies. Il me plaît de souhaiter aujourd'hui une cordiale bienvenue aux nouveaux professeurs. Ce sont MM. Philippe Küpfer, professeur de botanique systématique; Pierre-André Wessner, professeur ordinaire de droit des obligations; Paul Schönsleben, professeur ordinaire d'informatique en sciences économiques et sociales, et Pierre Knecht, professeur extraordinaire de dialectologie. M. William Gauchat, qui donnait un enseignement d'introduction à la pharmacie au titre de chargé de cours, a été nommé professeur associé. Mes souhaits se veulent extensibles, et ils s'adressent aussi à tous nos nouveaux collaborateurs.

L'année dernière, faisant allusion au plan de développement 1984-1987, je mentionnais les cinq domaines dont le développement serait fermement soutenu durant cette période, à savoir le journalisme, l'orthophonie, l'hydrogéologie, l'économie régionale et l'informatique. Grâce au soutien moral et financier de nos autorités cantonales, l'enseignement conduisant au certificat de journalisme a été mis en place dès la rentrée de l'automne 1982. Une trentaine d'étudiants réguliers ou auditeurs s'y sont annoncés, et certains se présentaient déjà en juillet de cette année à la première série d'examens.

Le programme des cours pour la formation d'orthophonistes a été fortement modifié et passablement amélioré grâce en particulier à une collaboration prévue avec la Faculté de médecine de l'Université de Lausanne.

En Faculté des sciences, le Centre d'hydrogéologie, qui délivre un certificat d'études de 3e cycle, a mis sur pied, avec la participation de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, un programme plus étoffé, dès le début de ce semestre.

Le budget 1984 prévoit une augmentation substantielle des crédits mis à la disposition de la Division économique et sociale, ce qui devrait permettre la création d'un Institut d'économie régionale. Enfin, grâce à une collaboration efficace entre la Faculté des sciences et la Division économique et sociale, nous pouvons offrir désormais une formation de quatre ans conduisant à une licence en informatique et une formation plus courte, de caractère nettement professionnel,

conduisant après deux ans à un diplôme d'informatique de gestion. Le succès a été immédiat, puisque nous avons immatriculé vingt-cinq étudiants en informatique de gestion cet automne.

A côté de la mise en place de ces projets prioritaires, l'Université a poursuivi ses efforts d'adaptation, notamment dans le domaine de la microtechnique et de l'électronique physique. Si, malgré les difficultés économiques, l'Université a pu se développer encore, c'est bien entendu parce que nos autorités sont convaincues de son utilité et de sa valeur, mais aussi parce que nous avons su renoncer à des domaines dans lesquels nous n'avions pas l'efficacité voulue et qu'il n'était pas possible de les renforcer. Il a fallu beaucoup de courage à la Faculté des lettres pour renoncer à la musicologie et au russe; qu'elle sache que sa politique de choix a été payante!

Je ne dirai pas grand-chose des bâtiments en construction sur les Jeunes Rives pour la Faculté des lettres, sinon mes remerciements aux autorités cantonales d'avoir pris les décisions adéquates et libéré les crédits nécessaires, et notre gratitude à la Conférence universitaire suisse et au Conseil suisse de la science d'avoir préavisé favorablement les demandes de subventionnement adressées à l'autorité fédérale. Pour le reste, les abris et les sous-sols sont construits, les murs vont commencer à s'élever au-dessus du sol. Vous pourrez bientôt suivre au jour le jour cette construction dont le gros-oeuvre sera terminé l'automne prochain. Notre satisfaction de savoir notre faculté des lettres bientôt logée décemment est alimentée chaque jour par celle de savoir que nous disposons de la plus belle grue du canton!

Dans le cadre des contacts établis avec le pays, je me bornerai à rappeler la participation de l'Université aux activités du Forum des régions, qui, avec sa tente gonflable, la bulle, a passé trois semaines dans chacun des six districts. Chaque lundi, l'Université s'y est présentée par une conférence, sous le titre général «L'Université dans les districts». Je peux dire ici que chaque fois l'accueil fut excellent, les discussions des plus intéressantes et que mes collègues conférenciers sont enchantés de cette expérience de décentralisation.

Si ma relation de ce que fut pour l'essentiel l'année universitaire 1982-1983 se veut optimiste, tous les problèmes posés n'ont pas pour autant été résolus. Je ne vous en infligerai pas la liste ici. Toutefois, je souhaite mentionner publiquement les difficultés que nous éprouvons à repourvoir certaines chaires en Faculté des lettres, car le problème n'est pas neuchâtelois uniquement. Dans plusieurs cas récents, nous avons été conduits à proposer au Conseil d'Etat la nomination de collègues étrangers, et dans d'autres nous

n'avons même pas été en état de faire des propositions. Que l'on me comprenne bien, la présence de collègues français, allemands, italiens ou hollandais est un bienfait pour notre université, qui ne doit pas se fermer aux échanges. Mais ce qui m'a souvent gêné en lisant les rapports des commissions de nomination, c'est de constater que les candidats helvétiques sont mis de côté parce qu'ils n'ont que peu de publications, hormis leur thèse. Je sais que mes collègues de la Faculté des lettres ne partagent pas mon analyse. Ce n'est pas une raison pour me taire, bien au contraire. Je pense que les travaux conduisant à une thèse en lettres —quand ils y conduisent — sont beaucoup trop longs. En Suisse, le candidat au doctorat ès lettres a trop tendance à croire que sa thèse est l'oeuvre de sa vie. Coincé entre la démarche encyclopédique et le souci de la spécialisation, il accumule consciencieusement des notes qui sont constamment à revoir. Beaucoup trop d'esprits brillants s'épuisent à ce jeu-là. N'est-il pas caractéristique que si peu de nos poètes aient présenté une thèse et que si peu de nos docteurs ès lettres soient écrivains. Nos thèses en lettres mobilisent beaucoup trop longtemps nos chercheurs et, lorsqu'ils s'alignent face à des étrangers lors d'une mise au concours, leur dossier se résume bien souvent à leur thèse et à quelques communications connexes. Je demande que l'on mesure l'amertume de nos jeunes intellectuels auxquels on préfère souvent des collègues venus d'ailleurs. Ils ne sont ni moins intelligents ni moins savants, on leur a simplement fixé trop de conditions que j'estime inutiles. Je crois que la Société suisse des sciences humaines devrait examiner ce problème, car il serait insensé de tenter de le résoudre dans une seule université. Mon analyse n'est certainement ni fine ni suffisante, mais je prétends que le problème existe et je souhaite que l'on y trouve une solution. Il y va non seulement de l'image de marque des facultés des lettres, mais de l'avenir d'une jeunesse qui se sentira —si aucun remède n'est trouvé — appelée à jouer les seconds rôles. Et de cela, nous n'en voulons pas.

Mesdames et Messieurs,

Celui qui assume quelques responsabilités doit toujours conserver secrètement en mémoire la formule: «Préservez-moi de mes amis, je m'occupe de mes ennemis.» Je peux témoigner publiquement aujourd'hui de la fidélité sans faille de tous les amis de l'Université, à l'intérieur et à l'extérieur de notre maison. Quant aux ennemis, s'il en existe, ils ne se sont pas manifestés. Certes des questions, parfois embarrassantes, m'ont été posées; je ne les ai jamais considérées

comme des attaques contre l'Université ou contre ma personne et j'espère, avec l'aide de mes collègues du rectorat, avoir donné les réponses adéquates ou engagé les réformes nécessaires.

Ma reconnaissance va aux étudiants qui m'ont permis de dire honnêtement que notre université compte 2055 étudiants dont 2054 sujets de satisfaction. Et s'ils m'ont à l'occasion pris en otage, c'était autour d'une table de bistrot pour une discussion bien sympathique.

Les membres du personnel scientifique, technique et administratif, particulièrement les deux secrétaires du rectorat, de même que les assistants et chefs de travaux, ont été pour moi un appui sûr et efficace. Je leur dis ici toute ma gratitude.

Mes collègues, chargés de cours et professeurs, ont cherché à me simplifier la tâche. Si quelques-uns n'y sont pas arrivés, c'est certainement parce que j'ai eu une vue trop simple des problèmes en faisant toujours passer l'intérêt général avant de légitimes intérêts particuliers. Mes chers collègues, je vous remercie tous de vos appuis sympathiques, de vos conseils avisés et de votre conscience professionnelle. J'adresse un mot particulier de reconnaissance à MM. les doyens, qui ont travaillé à la tête de leur faculté durant mon mandat.

La procédure conduisant à la nomination des membres du rectorat laisse au recteur pressenti la possibilité de proposer les deux vice-recteurs avec lesquels il souhaiterait travailler. En proposant, il y a bientôt cinq ans, MM. André Schneider et Jean Guinand, j'avais misé sur deux personnalités dont j'appréciais le sens des responsabilités et les compétences dans des domaines fort éloignés du mien. Ils sont devenus mes amis, tout comme M. Maurice Vuithier, secrétaire général, quatrième membre du rectorat. Si j'ai aimé mon travail, c'est grâce à eux, et si je ne le regretterai pas, c'est que je garderai le meilleur des souvenirs d'une équipe pour laquelle le terme collégialité n'était pas un vain mot.

Je désire aussi souligner ici l'excellente collaboration avec le Conseil de l'Université et saluer l'efficacité et le dévouement de son président, M. Willy Schaer.

Ma fonction de recteur m'a donné l'occasion de rencontrer mes collègues des autres universités dans le cadre de la Conférence des recteurs suisses. Je remercie ses membres de m'y avoir si aimablement accueilli et de m'avoir témoigné tant d'amitié. Mon appartenance à la Conférence universitaire suisse et surtout à son comité m'a mis en contact avec les ténors de la politique universitaire de notre pays. J'en garderai le souvenir des bons moments et m'efforcerai d'oublier les débats sur le numerus clausus ou sur les subventions

spéciales. Je tiens à dire à son secrétaire général, M. Rolf Deppeler, combien j'ai apprécié l'efficacité de son équipe et combien j'ai admiré sa manière de naviguer dans des courants parfois contraires, pour le plus grand bien des universités et des étudiants.

Monsieur le président du Conseil d'Etat, j'ai toujours trouvé chez nos plus hautes autorités des conseils judicieux et des appuis solides. Je vous prie de faire part aux membres du Conseil d'Etat de mes remerciements très sincères, à titre personnel et au nom de l'Université tout entière.

Mes sentiments de gratitude vont aussi au Grand Conseil neuchâtelois. Que Mesdames et Messieurs les députés sachent combien nous apprécions — en ces temps difficiles — leur intérêt — pas théorique du tout — pour l'Alma mater! Enfin, c'est à la population neuchâteloise que je dirai combien j'ai été bien accueilli chaque fois que le recteur avait une démarche à effectuer. Je pense d'abord à la Ville de Neuchâtel et à ses autorités puisque nous y logeons, mais aussi à La Chaux-de-Fonds, au Locle, à tel industriel, à tel directeur d'école. Je pense aussi aux innombrables messages d'encouragement, venant de parents, de syndicalistes, d'anciens étudiants. A tous, je dis merci.

Mesdames et Messieurs,

Arrivé au terme de mon mandat et de mon allocution, j'aimerais vous faire part d'un souhait. Que vous reportiez sur mon successeur la confiance dont j'ai été l'objet! Il la mérite et l'Université en a bien besoin.

J'ai dit.

E. Jeannet