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DIES ACADEMICUS 1990

20 octobre 1990
LIBRAIRIE PAYOT
LIBRAIRIE DE L'UNIVERSITÉ
LAUSANNE 1990

DISCOURS DE M.

PIERRE DUCREY,

RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ

Mesdames et Messieurs,

C'est un honneur pour nous d'accueillir ici le premier citoyen de notre pays, le conseiller national Victor Ruffy, président du Conseil national. M. Ruffy est docteur ès lettres de notre université. Soyez le bienvenu dans votre Alma Mater, Monsieur le Président. J'aimerais saluer aussi la présence, pour la première fois, du conseiller d'Etat Hans Ulrich Stöckling, chef du Département de l'instruction publique du canton de Saint-Gall, et du conseiller d'Etat Peter Schmid, chef du Département de l'instruction publique du canton de Berne. Parmi les personnalités présentes, je suis heureux de saluer le conseiller national François Jeanneret, ancien président de la Conférence universitaire suisse et président de la Fondation de l'Ecole suisse d'archéologie en Grèce. Je salue aussi les représentants des universités suisses, Mme Béatrice Mesmer, MM. Rolf Dubs, Karl Pestalozzi, Heinz-Heinrich Schmid, Hans Dieter Schneider, Rémy Scheurer, Martin Stettler, Bernard Vittoz, Hans von Gunten.

Le dies academicus 1990 de l'Université de Lausanne est placé sous le signe des sciences économiques. Un illustre professeur d'économie de notre université, aujourd'hui professeur honoraire, me disait voici peu que placer à l'Université de Lausanne un dies academicus sous le signe de l'économie, des sciences commerciales, de la gestion aurait été tout simplement impensable voici quelques années seulement.

Les temps changent et chacun connaît — ou devrait connaître — le rôle que joue l'économie dans nos sociétés. A vrai dire, les sciences économiques font partie du bagage de tout étudiant, même des étudiants en grec ancien. Euryclée, la servante qui a

élevé Ulysse à Ithaque avait été échangée par Laërte, le père d'Ulysse, contre vingt boeufs (Odyssée, I, 429-431). Lors des jeux funéraires organisés en l'honneur de Patrocle, Achille promet au vainqueur à la lutte un grand trépied valant douze boeufs. Le vaincu, lui, recevra une femme «habile à mille travaux, et qu'on estime à douze boeufs», nous dit le poète (Iliade, XXIII, 702-705). Lycaon, l'un des fils de Priam, a été vendu pour cent boeufs et racheté pour trois cents (Iliade, XXI, 77-80).

On a ici l'ensemble des données des poèmes homériques fixant la valeur de l'être humain: une femme vaut de quatre à douze boeufs, le fils d'un roi de cent à trois cents boeufs. La cohérence de ces prix n'est pas d'une fiabilité absolue et l'on ne saurait tirer de ces chiffres des lois ou des statistiques. Il n'en reste pas moins que, depuis une trentaine d'années, même le monde d'Homère n'échappe plus aux approches économiques et sociales.

C'est dire que nul ne doit s'étonner si aujourd'hui nous honorons l'économie et la gestion, d'autant plus que certains événements récents ont bien montré que la connaissance des lois élémentaires des coûts, et notamment du coût de l'argent, étaient encore très mal connues dans le grand public.

Nous sommes donc particulièrement heureux de saluer ici trois institutions, qui honorent les disciplines économiques et la gestion: l'Université de Saint-Gall, l'IMD et la Banque Cantonale Vaudoise.

La Haute Ecole de Saint-Gall, anciennement Handelshochschule Sankt Gallen, illustre depuis 1898 l'enseignement et la recherche dans le domaine des sciences économiques et de la gestion. Elle est représentée aujourd'hui par le professeur Johannes Anderegg, ancien recteur, et par le professeur Rolf Dubs, recteur en exercice.

L'IMD ou International Institute for Management Development est né l'an dernier de la fusion de la Lausannoise IMEDE et de la Genevoise IMI. Il en est résulté une institution plus forte, plus dynamique, plus rayonnante encore, dont la ville de Lausanne, le canton de Vaud et la Suisse tout entière pourront tirer le plus grand bénéfice, même si pour l'essentiel l'activité de cette grande école de gestion est tournée vers l'extérieur et non vers notre pays.

L'IMD est représenté aujourd'hui par son président, M. Kaspar Cassani, docteur honoris causa de l'Université de Zurich, et par son directeur général, le professeur Juan Rada.

La Banque Cantonale Vaudoise est notre hôte pour la seconde fois en quelques jours. Jamais on n'aura parlé autant de banques qu'en ce moment. Mais nul à l'Université de Lausanne ne songerait à élever la moindre critique envers les banques, en tout cas envers la Banque Cantonale Vaudoise. La presse s'est fait l'écho de l'ouverture voici quelques jours d'une succursale tout à fait originale de la BCV, à la fois service à la clientèle et siège d'un centre de documentation et d'initiation financière ou CEDIF. Située dans le BFSH 1, où sont logées nos Facultés de droit et notre Ecole des HEC, la succursale de la BCV témoigne de la volonté d'ouverture de l'Université en direction du monde réel, celui de l'économie, mais aussi la volonté de la Banque Cantonale Vaudoise de se rapprocher des universitaires, donc d'investir dans la matière grise et dans l'avenir. Nous nous en réjouissons. La BCV est représentée aujourd'hui par sa direction générale au complet, emmenée par son président, M. Francis Pahud.

Je souhaite une bienvenue toute particulière à ces trois institutions.

J'ai prononcé à plusieurs reprises le mot «économie». Alfred Sauvy a intitulé l'un de ses livres: «L'économie du diable» (Paris, Calmann-Lévy, 1976). L'économie est-elle une science diabolique'? Je laisse à mon collègue et ami le vice-recteur Jean-Pierre Danthine le soin de vous le dire. Il nous présente maintenant un exposé intitulé: «Economie et écologie».