reden.arpa-docs.ch Rektorats Reden © Prof. Schwinges
Textbreite
Schriftgröße
Kapitel 

DIES ACADEMICUS 1996

Cérémonie du 8 juin 1996
Uni Dufour, Auditoire Piaget
Palmarès de l'année universitaire 1995/1996

ACCUEIL

M. Bernard FULPIUS
Recteur de l'Université de Genève

CERTAINES ET CERTAINS D'ENTRE VOUS NE savent peut-être pas que ce n'est qu'au début de ce siècle, le 4 juin 1904 pour être précis, que fut introduite la cérémonie du Dies academicus de l'Université de Genève, première fête depuis le Grand Jubilé triséculaire de 1859.

En cette première occasion, il y a bientôt cent ans, quatre personnes avaient été appelées à prononcer un discours, le professeur d'Espine, recteur, le professeur Martin, vice-recteur, M. Henri Fazy, président du Conseil d'Etat, et le professeur Grenier, recteur de l'Université de Lausanne.

Permettez-moi, dans le cadre de ce préambule, de citer un bref passage de l'allocution de chacun des quatre orateurs. Je vous laisse apprécier l'actualité de leurs propos. Je cite:

Le recteur d'Espine:

«Je tiens à vous remercier, Messieurs les étudiants, de m'avoir aidé dans l'exercice de mes fonctions par votre sagesse et votre bienveillance. Grâce à elles, j'ai pu oublier, au fond de mes tiroirs, où elles se sont rouillées, les armes de la discipline universitaire.»

Le vice-recteur Martin:

«Les meilleurs moments que passe un professeur sont ceux dans lesquels il est en relation directe avec la jeunesse universitaire, en dehors des examens.»

Le président du Conseil d'Etat Fazy:

«L'enseignement supérieur impose à l'Etat de Genève des sacrifices importants et le chef du Département des finances est parfois obligé de se faire violence et de se rappeler qu'il est lui-même un vieil universitaire lorsqu'il s'agit d'accepter le gros budget de l'Université...»

Le recteur Grenier de l'Université de Lausanne:

«Dans toutes ses formes diverses, l'Université de Lausanne a sans cesse entretenu les meilleurs rapports avec vous, preuve en soit les nombreux professeurs qui, successivement ou simultanément, ont enseigné dans nos deux établissements. Cette bonne entente, cette rivalité loyale et sans jalousie est toute naturelle.» -

Depuis, les structures de notre Université ont été modifiées en plusieurs occasions et les représentants de différentes instances, mises en place dans le cadre de législations successives, ont été appelés à s'exprimer au cours de la cérémonie du Dies academicus. C'est ainsi qu'aujourd'hui, en plus du Conseil d'Etat, en la personne de la Cheffe du Département de l'instruction publique, et du Conseil de l'Université, en la personne d'un membre de ce Conseil, nous aurons l'occasion d'entendre l'allocution d'un représentant du Conseil académique.

M. Bernard FULPIUS

Recteur de l'Université de Genève

L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE HONORE TOUT particulièrement aujourd'hui, dans le cadre de la cérémonie solennelle du Dies academicus, cinq personnalités auxquelles elle confère le grade de docteur honoris causa. Chacune d'entre elles entretient, avec la faculté qui l'a désignée, des liens privilégiés et, par là même, contribue à son enrichissement. Dans quelques instants, les doyens concernés, dans leur présentation des récipiendaires, vont nous en dire plus à leur sujet. Le Rectorat, lui, se plaît, d'ores et déjà, à relever que chacun des cinq docteurs honoris causa désignés cette année illustre, à sa manière, un thème prioritaire du programme de politique générale qu'il a présenté il y a quelques mois. Il m'apparaît donc particulièrement approprié, dans le cadre de la présente allocution, de commenter les thèmes mis en exergue par les personnalités choisies par cinq de nos facultés.

En la personne du professeur Arthur Escher, présenté par la Faculté des sciences, l'Université de Genève honore un professeur de géologie suisse des plus éminents, dont les compétences et les qualités pédagogiques ont en particulier contribué à resserrer les liens entre les deux Universités de Lausanne et de Genève.

Tout le monde ici, ou presque, sait que, d'entente avec le Rectorat de l'Université de Lausanne, nous avons exprimé notre intention de poursuivre l'étude des modalités devant permettre un rapprochement de nos deux universités, tout en préservant l'identité et la spécificité de chacun des deux sites universitaires, notamment en ce qui concerne les enseignements de base. Cette volonté de rapprochement, processus évolutif dont la nature finale n'est pas encore arrêtée, s'inscrit dans une perspective qui vise, malgré les difficultés économiques, à poursuivre sur chaque site le développement d'activités scientifiques de qualité et à offrir à une population de plus de 20000 étudiants un enseignement à la hauteur

d'une attente toujours plus forte des jeunes en formation. Faire bénéficier deux communautés universitaires de son enseignement, de ses idées et de ses programmes de recherche est une réalité illustrée par notre hôte de ce jour. Puissent une réflexion constructive de nos deux communautés et la mise en commun de moyens, à disposition de chacune des deux institutions, permettre, encore plus que par le passé, la concrétisation d'un tel objectif.

En la personne du professeur Martin Rodbell, présenté par la Faculté de médecine, l'Université de Genève honore un grand savant, lauréat en 1994 du Prix Nobel en physiologie et médecine, lequel, en sa qualité de professeur invité en 1967-1968, puis en 1981-1983, a fait bénéficier de son savoir un grand nombre de membres de notre communauté universitaire, plus particulièrement au sein de l'Institut de biochimie clinique et du Département de biochimie médicale.

Genève s'est de tout temps efforcée d'accueillir d'éminents savants intéressés non seulement à faire bénéficier l'institution de leur savoir mais à poursuivre activement leurs travaux dans un climat humain favorable et un contexte matériel des plus adéquats. actuelle diminution des crédits alloués à la recherche fondamentale ne saurait restreindre cette volonté d'ouverture de notre Université sans porter gravement préjudice à son renom. La volonté de continuer de créer, au sein de l'Université de Genève, des conditions propices à une recherche de grande qualité et reconnue au niveau international a été fermement affirmée. Dans ce but, il est prévu de faire appel, entre autres, à un réseau toujours plus large, dépassant de loin le cadre national, de fondations privées qui pourraient contribuer, de diverses manières, à rendre attractif le séjour en nos murs, même de courte durée, de collègues d'autres universités réputées. Les relations avec la Faculté de médecine de notre hôte d'honneur de ce jour ont commencé tout au début de ses travaux sur la «transduction des signaux biologiques», concept qui, je vous l'ai dit, lui a valu la plus haute distinction qu'un scientifique puisse espérer. Nous sommes convaincus qu'une université est attractive non pas seulement par les conditions matérielles qu'elle offre à ses visiteurs, mais par l'esprit d'ouverture dont elle fait état. Puisse l'apport de chacun à cette volonté d'ouverture faire en sorte que des savants réputés, en nombre toujours plus grand, continuent de manifester le désir d'être accueillis à Genève pour y poursuivre leurs travaux.

En la personne du professeur Rudolf von Thadden, présenté par la Faculté des lettres, l'Université de Genève honore un savant et un intellectuel,

professeur d'histoire moderne et contemporaine, dont elle partage l'idéal européen.

Si notre pays, suite à des circonstances que chacun connaît, se trouve actuellement en marge de la Communauté européenne, il apparaît essentiel à notre institution que cette situation ne pénalise pas nos activités d'enseignement et de recherche et que soient préservés les programmes d'échanges et de recherche avec nos voisins.

La poursuite d'une telle présence, active, est rendue possible par le soutien financier que nous apporte la Confédération et par la conclusion d'accords bilatéraux universitaires. En outre, la mise à disposition de moyens qui nous sont propres devrait permettre de maintenir, voire de développer la dynamique de collaborations interuniversitaires, jusqu'à ce qu'une présence nouvelle, espérons-le, soit acceptée. La position éminente de notre hôte de ce jour au sein de l'Université de Göttingen, laquelle est associée à Genève par un de ces accords bilatéraux auxquels je viens de faire allusion, illustre bien les immenses bénéfices que nous sommes en droit d'attendre d'une ouverture, toujours plus grande, vers les hautes écoles des pays voisins et de l'établissement de contacts personnels privilégiés!

En la personne de Monsieur Konrad Raiser, présenté par la Faculté autonome de théologie protestante, l'Université de Genève honore une personnalité qui a profondément renouvelé le mouvement oecuménique et a constamment soutenu l'Institut oecuménique de Bossey.

La présence à Genève de très nombreuses organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, représente un potentiel de contacts et d'interactions intellectuelles tout à fait exceptionnel. L'Université, dans son effort, réaffirmé, d'ouverture vers la cité, se doit de maintenir et de développer de telles collaborations dans ce secteur. Le parcours de notre hôte, au sein du Conseil oecuménique des Eglises, et son engagement vis-à-vis de l'Institut oecuménique de Bossey, qui, comme l'Institut universitaire de hautes études internationales et l'Institut universitaire d'études du développement, est un institut en relation avec l'Université, illustre fort bien à quel point notre établissement peut bénéficier de contacts étroits avec des organisations internationales.

En la personne du professeur Marc Richelle, présenté par la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, l'Université de Genève honore un savant qui, après avoir été formé dans nos murs, sous la direction d'André Rey et de Jean Piaget, s'est révélé tout au long d'une féconde

carrière à l'Université de Liège, comme l'un des plus grands «généralistes» de la psychologie scientifique de la seconde moitié de ce siècle.

Une Université ouverte à tous, offrant à ses étudiantes et à ses étudiants, qu'ils viennent de Genève, de Suisse ou de l'étranger, des conditions d'encadrement et de travail propices à une bonne orientation, à l'acquisition d'une formation de base rigoureuse et à l'initiation à la recherche, tel est le concept que Genève tient à défendre ardemment. A nos yeux, et dans cette perspective, il est indispensable que la qualité des prestations offertes à celles et à ceux qui ont démontré leur capacité et leur volonté d'accéder à une formation plus avancée soit sans cesse améliorée. Le parcours académique de notre hôte d'honneur de ce jour a, pour nous, valeur d'exemple. Toujours plus nombreux devraient être ceux qui, venus de près ou de loin, puissent prétendre avoir acquis chez nous une formation qui les a conduits, plus tard dans leur carrière et au sein d'une autre haute école, à transmettre un savoir à l'acquisition duquel nos enseignants pourront être fiers d'avoir contribué de manière décisive. Ainsi, Mesdames, Messieurs, par son encouragement à une mobilité, de loin pas limitée à un périmètre de soixante kilomètres, mais sans frontières, par son encouragement à maintenir et à développer des contacts avec d'autres hautes écoles européennes et avec les organisations internationales, par son encouragement à continuer d'offrir à des étudiants toujours plus nombreux une formation de grande qualité et à ses hôtes les plus prestigieux un accueil digne de notre réputation, l'Université de Genève tient à demeurer fidèle à l'image qu'elle s'est toujours efforcée de préserver.

En des temps particulièrement difficiles, où les moyens souhaités ne sont plus mis sans autre à disposition, où l'identité des uns et des autres est fragilisée par une certaine incertitude liée à l'évolution toujours plus rapide des concepts les plus fondamentaux, c'est à la communauté universitaire tout entière que je lance un vibrant appel. Sans l'engagement et la contribution personnelle de chacun de ses membres à la bonne marche et au développement de notre institution, nous ne parviendrons pas, tant les responsables de l'exécutif de l'Université que les autorités politiques, à relever cet important défi. D'ores et déjà, nous vous remercions de continuer à nous aider dans cette voie.