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Dies academicus et inauguration des nouveaux bâtiments universitaires

31 octobre 1986

Allocution du

professeur Jean Guinand
Recteur
Mesdames et Messieurs,

Ce sont des sentiments de grande satisfaction et de profonde gratitude qui nous habitent ce matin.

Notre satisfaction est grande en effet d'avoir pu mener à bien une vaste opération de construction, d'aménagement et de restructuration de nos bâtiments universitaires. Cent ans après l'inauguration du bâtiment de l'avenue du 1er-Mars, destiné alors à abriter l'Académie et le Gymnase, nous ne pouvons qu'être fier de cette nouvelle et importante étape de la vie universitaire neuchâteloise.

D'autres orateurs rappelleront les options prises, les étapes de réalisation et les appréciations qu'ils portent sur l'oeuvre achevée. Le numéro spécial du Bulletin d'information de l'Université, qui sera mis à votre disposition à l'issue de cette cérémonie, vous permettra par ailleurs de prendre connaissance dans le détail de ce qui a pu être réalisé. L'ouverture au public de ces nouveaux bâtiments et du bâtiment de l'avenue du 1er-Mars vous donnera enfin l'occasion de vous rendre compte de l'importance des travaux entrepris.

Il nous appartient davantage ici de dire notre gratitude et notre reconnaissance. Et nous le faisons tant en notre nom personnel qu'en celui du rectorat et de la communauté universitaire tout entière.

Nos remerciements s'adressent en tout premier lieu au Conseil de l'Université. C'est à lui en effet que nous devons d'avoir pu réaliser en une seule et même étape l'ensemble de la construction de ces bâtiments et, par voie de conséquence, l'ensemble des restructurations que le regroupement de la Faculté des lettres nous a permis de réaliser. La ferme détermination du Conseil de l'Université a été décisive. Elle nous a permis de convaincre les autorités politiques et le peuple neuchâtelois du bien-fondé de nos besoins et de nos projets.

Nous savons à cet égard particulièrement gré au chef du Département de l'instruction publique, à M. François Jeanneret

puis à M. Jean Cavadini, d'avoir défendu notre dossier devant le Conseil d'Etat puis devant le Grand Conseil, Grand Conseil que nous remercions également d'avoir, par son vote unanime, largement contribué au vote positif du peuple neuchâtelois et accepté de nous donner les moyens de rénover te bâtiment de l'avenue du 1er-Mars.

Notre reconnaissance s'adresse aussi à la Ville de Neuchâtel, qui a bien voulu autoriser l'implantation de nouveaux bâtiments universitaires sur son rivage. Nous ne doutons pas que de nombreuses générations d'étudiants sauront apprécier l'emplacement privilégié de ce lieu d'études.

Il ne suffisait toutefois pas d'obtenir les moyens de nos ambitions, encore fallait-il les réaliser, Il nous est dès lors particulièrement agréable d'adresser nos remerciements à tous ceux qui ont pris une part active aux travaux: le jury du concours, la Commission de construction, les architectes, les ingénieurs, les entrepreneurs, les ouvriers sans lesquels nous ne serions pas ici ce matin, mais aussi nos collègues de la Faculté des lettres, les assistants, les collaborateurs, les secrétaires, les concierges qui n'ont ménagé ni leur temps ni leur enthousiasme pour donner à l'ouvrage son aspect d'aujourd'hui. Qu'ils en soient tous remerciés et qu'ils veuillent bien m'excuser de ce pas les citer nommément tant ils sont nombreux!

Je me dois cependant de remercier tout particulièrement M. Eric Jeannet qui, s'agissant de la réalisation de ces bâtiments des Jeunes Rives, a été la véritable cheville ouvrière de l'ensemble de la réalisation. Du lancement du concours en 1980 à ce jour, il n'a ménagé ni sa peine ni ses nerfs ni sa patience, ni même parfois sa bonne humeur, pour que soit respecté et mené à bien le programme de construction et d'aménagement des bâtiments que nous nous réjouissons d'inaugurer avec lui aujourd'hui.

Nous voudrions enfin remercier l'intendance des bâtiments, et particulièrement MM. Donner et Desmeules, pour la part décisive qu'ils ont prise dans les travaux de restructuration des autres bâtiments universitaires et plus particulièrement dans les travaux de rénovation de l'immeuble de l'avenue du 1er-Mars. En quelque six mois, ils ont réussi à faire en sorte que l'immeuble de l'avenue du 1er-Mars puisse dignement fêter son centième anniversaire. Je les remercie d'avoir relevé le défi que je m'étais permis de leur lancer.

C'est ainsi que tout à l'heure nous avons pu, en une sorte de symbole, nous réunir dans la salle des professeurs de l'avenue du 1er-Mars et nous rendre en cortège et à pied en ces nouveaux lieux universitaires.

Le Dies academicus nous donne chaque année l'occasion de relever quelques faits marquants de l'année universitaire écoulée. Le programme chargé de cette cérémonie nous contraindra cette fois-ci à nous limiter à l'essentiel. Les Annales, qui paraîtront prochainement, vous permettront cependant de prendre connaissance dans le détail de toutes les activités déployées au cours de l'année 1985/1986.

Je me dois hélas de mentionner tout d'abord avec tristesse le décès de deux de nos collègues et de deux de nos étudiants: le professeur Robert-Henri Blaser, professeur honoraire de la Faculté des lettres, décédé subitement au mois de juillet, et le professeur Werner Marty, professeur de chimie à la Faculté des sciences, décédé subitement au mois de septembre, ainsi que Mlle Marie-Christine Damotte et M. Yves Tournier, étudiants à la Faculté des lettres, décédés accidentellement. L'Université gardera d'eux un souvenir ému.

Quatre de nos collègues viennent de nous quitter pour bénéficier de la retraite. Nous en prenons aujourd'hui officiellement congé. Il s'agit de MM. Pierre Barthel, professeur à la Faculté de théologie, Maurice Erard, professeur de sociologie à la Faculté de droit et des sciences économiques, Jean-Louis Richard, professeur d'écologie végétale à la Faculté des sciences, et William Gauchat, professeur associé et responsable des études de pharmacie à la Faculté des sciences.

Trois nouveaux collègues viennent de commencer leur enseignement. Il s'agit de MM. Gottfried Ammann, professeur d'histoire du christianisme à la Faculté de théologie, François Hainard, professeur de sociologie à la Faculté de droit et des sciences économiques, et Daniel Schulthess, professeur d'histoire de la philosophie à la Faculté des lettres.

Fait exceptionnel aujourd'hui, vous l'avez sans doute remarqué, il y a sur cette scène deux secrétaires généraux. La raison en est que M. Maurice Vuithier, après avoir exercé cette fonction pendant vingt-deux ans, nous quitte pour bénéficier de la retraite. Nous prenons donc aujourd'hui officiellement congé de lui. Nous avons eu l'occasion, au cours d'une cérémonie plus restreinte, de lui rendre hommage et de rappeler sa carrière professionnelle et universitaire. Nous lui réitérons ici notre sincère gratitude et notre admiration pour la tâche qu'il a accomplie dans notre université et au sein du rectorat. Nous lui souhaitons une heureuse retraite. Pour succéder à M. Maurice Vuithier, le Conseil d'Etat a nommé M. Bernard Mayor, jusqu'ici directeur adjoint de l'Ecole d'ingénieurs du canton de Neuchâtel. Nous avons déjà pu bénéficier de ses services au

cours de ces deux derniers mois. Nous l'accueillons aujourd'hui officiellement et lui souhaitons une très cordiale bienvenue dans notre université,

Je ne saurais terminer ces quelques évocations personnelles sans mentionner un fait important. M. Willy Fasnacht, notre dévoué huissier-concierge, gardien de tous les recteurs, assiste en cette qualité a son dernier Dies academicus. Après plus de quarante ans passés au service de l'Université, M. Fasnacht prendra sa retraite à la fin du mois d'avril 1987. Nous avons eu l'occasion, en célébrant ses quarante ans d'activité, et nous l'aurons encore au moment où il nous quittera, de lui dire toute notre admiration et notre reconnaissance. Je tiens cependant à le faire ici publiquement, car si nous écrivons aujourd'hui une nouvelle page de notre vie universitaire, le départ de Willy Fasnacht en mai prochain nous obligera à en tourner une autre.

Les autorités universitaires ont consacré une partie importante de leur temps au cours de cette dernière année à l'élaboration de la planification pour la période 1988/1991. Cet exercice, qui s'inscrit dans le cadre des travaux de planification menés par la Conférence universitaire suisse, a permis aux instances universitaires de mener une réflexion approfondie sur les différents secteurs de notre université, sur leur développement et sur leur avenir. La dernière phase de l'élaboration du plan 1988/1991, qui consistait à fixer le cadre réel du développement possible de notre université, a même conduit rectorat et doyens de facultés à quelques affrontements d'idées sur le rôle des facultés face à l'avenir de l'enseignement et de la recherche et surtout face à la nécessité d'être à même d'innover. Ce n'est pas le lieu ni le moment de vous présenter les conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Nous nous réjouissons cependant de pouvoir dire qu'aussi bien le Conseil rectoral que le Conseil de l'Université ont accepté le plan proposé. Le Conseil d'Etat ayant suivi la proposition qui lui était faite de présenter un rapport sur ce sujet au Grand Conseil, l'occasion sera donc donnée aux députés de dire ce qu'ils pensent du développement de notre université. Nous aurons donc l'occasion d'y revenir.

Cette réflexion sur l'avenir, au moment où nous inaugurons de nouveaux espaces universitaires, est de la plus haute importance. D'autant qu'elle révèle l'une des questions des plus préoccupantes pour l'avenir: je veux parler du problème de la relève. D'ici à l'an 2000, soit en quatorze ans, ce sont plus de quarante de nos collègues qui prendront leur retraite.

Au moment où le même phénomène se produira dans toutes les hautes écoles de Suisse, saurons-nous, pourrons-nous trouver celles et ceux qui formeront nos étudiants de demain et assumeront la poursuite de la recherche scientifique universitaire? Je ne saurais ici apporter une réponse à cette lancinante question.

Mais ce problème m'amène à parler, pour terminer, des étudiants. Et il est bien normal que nous parlions d'eux, puisque c'est avant tout pour eux que nous avons construit ces bâtiments et rénové le bâtiment de l'avenue du 1er-Mars, qui continue à recevoir chaque semaine plus de huit cents d'entre eux.

Le nombre de nos étudiants a tendance à se stabiliser. La courbe démographique nous inciterait même à croire qu'il pourrait diminuer. Mais les prévisions restent difficiles, car nous assistons à certains phénomènes intéressants quant au choix des études que les jeunes détenteurs de maturité souhaitent entreprendre. L'engouement, dont on ne saurait dire s'il est momentané ou non, pour les sciences économiques est à cet égard très significatif.

Notre tâche est dès lors de faire en sorte que les étudiants d'aujourd'hui aient confiance en l'avenir. Il faut également qu'ils aient confiance en nous, car c'est sans doute parmi eux que nous trouverons la relève de ces quinze prochaines années. Mais cette relève ne saurait être préparée sans une large ouverture sur le monde extérieur. Et c'est pourquoi nous pensons qu'il convient aujourd'hui d'offrir la possibilité à nos étudiants d'être plus mobiles, tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur du pays.

Les universités suisses se sont inquiétées au cours de l'été du projet visant à restreindre l'accès des étudiants étrangers. Nous saisissons à cet égard l'occasion de la présence du président de la Confédération pour remercier le Conseil fédéral de ne pas avoir donné suite à cette proposition.

Au moment où les communautés européennes s'apprêtent à lancer un vaste programme visant à assumer la mobilité des étudiants, programme auquel notre pays ne pourra pas participer (du moins en son début), il nous paraît de la plus haute importance de faire en sorte que le mouvement d'échanges entre les étudiants puisse s'accentuer. Chaque fois que nous accueillons un étudiant étranger, nous devrions savoir que quelque part en Europe ou dans le monde une autre université accueille l'un des nôtres.

Nous ne nous cachons pas les difficultés d'un tel programme. Nous entendons toutefois tenter d'en faire une réalité. Nous croyons pouvoir dire en effet que nos étudiants le méritent.

Je vous remercie de votre attention. J. Guinand