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PRÉSENTATION DU NOUVEAU RECTORAT ET INSTALLATION DU RECTEUR

Conformément aux voeux de la Commission de prospective chargée depuis plus d'un an de la réforme de la loi et du règlement général de l'Université, le Sénat a élu, pour une période transitoire de deux ans, un rectorat formé du président de cette commission, le professeur Werner Sörensen, recteur, d'un vice-recteur choisi et proposé par le recteur, le professeur Jean-Jacques von Allmen, titulaire de la chaire de théologie pratique, et du secrétaire général de l'Université, M. Maurice Vuithier. Ce rectorat se répartit les affaires courantes et les tâches de représentation, mais a pour mission essentielle de mener à bien la réforme de l'Université en collaboration avec la Commission de prospective. Il hérite partiellement des fonctions confiées traditionnellement au bureau du Sénat, déchargeant ainsi les doyens qui peuvent se consacrer plus complètement aux affaires de leur faculté.

Ainsi, contrairement à ce qui s'est passé généralement jusqu'ici, le Sénat, pour bien marquer sa volonté de changement, a fait confiance à de relativement nouveaux venus à l'Université, puisque M. Sörensen est devenu professeur en 1961, M. von Allmen en 1958, tandis que M. Vuithier lui-même n'est en fonctions que depuis 1964. Mais ce ne sont pas les premiers venus, ni ce que l'on peut appeler des «jeunes», puisque eux et moi sommes pratiquement contemporains; ils ont au contraire fait, préalablement à leur entrée à l'Université, une belle carrière dans l'enseignement gymnasial, dans 1'Eglise ou l'administration privée, et ils sont assez jeunes pour supporter les charges et les soucis inhérents aujourd'hui aux fonctions rectorales. De plus, et surtout, ils sont pratiquement membres du bureau du Sénat, et par conséquent étroitement associés à la gestion universitaire, depuis leur arrivée, soit comme doyens, soit comme secrétaires, et M. von Allmen a même été recteur par intérim durant mon séjour au Dahomey.

Le recteur Sörensen préside ce triumvirat, le bureau du Sénat et le Sénat, mais là également des formules nouvelles peuvent être envisagées en cette phase expérimentale. Primus inter pares, c'est lui qui fera la leçon d'installation et c'est lui que je présenterai plus spécialement.

Né le 30 novembre 1923 à Bâle, bachelier ès sciences de Neuchâtel en 1942, M. Sörensen entre à l'Ecole polytechnique fédérale, obtient son diplôme de mathématiques quatre ans plus tard et devient assistant du professeur Gonseth de 1946 à 1948. Avec une bourse du Gouvernement français, il fait alors un an d'études à Paris, puis revient chez Gonseth. Il est nommé en 1950 professeur au Gymnase cantonal. Il n'interrompt pas pour autant ses recherches, et il obtient en 1956-1959 un congé partiel, subventionné par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, pour écrire plusieurs études sur les surfaces de Riemann et surtout sa thèse de doctorat ès sciences soutenue en notre Université en 1958. Bénéficiant d'un subside de la Commission pour la science atomique dès 1959, il collabore à la Faculté des sciences aux recherches du professeur Bader, supplée pendant un an, dès le semestre d'été 1960, le professeur Bleuler pour le cours de mécanique clans la chaire de physique théorique, remplace au semestre d'hiver 1960-1961 le professeur Mercier pour la mécanique appliquée à la chronométrie... Bref, il est capable de servir avec un égal bonheur aussi bien les mathématiques que la physique. Il n'y a cependant point de chaire toute prête pour lui, et c'est alors qu'intervient à nouveau le Fonds national de la recherche scientifique qui lui assure une chaire ad personam, permettant au Conseil d'Etat de le nommer professeur extraordinaire en 1961, puis professeur ordinaire en 1964.

Est-ce un privilège d'être chercheur du Fonds national aux côtés de collègues qui, eux, doivent partager leur temps entre l'enseignement, la recherche et, souvent, l'administration? Pour un pédagogue aussi brillant que M. Sörensen, c'est plutôt une voie de garage car, vu l'abondance des travaux qui se publient aujourd'hui, on est plus sûr du résultat et de la portée de ce qu'on dit que de ce qu'on écrit, et il est réjouissant de pouvoir former de jeunes disciples. Ses collègues du moins ne pensent pas pouvoir se priver de son aide, et ils l'associent toujours plus étroitement à l'enseignement et même à la gestion universitaire. Il devient secrétaire du Sénat puis doyen de la Faculté des sciences, à nouveau secrétaire du Sénat et président de la Commission de prospective. Ses dernières publications portent sur la réforme de l'enseignement des mathématiques. Il a donc bien une vue prospective des choses et, dans l'état actuel des problèmes universitaires, le Sénat n'aurait pas pu faire un meilleur choix à la tête du rectorat.

Ceux qui le connaissent savent que c'est plutôt un homme du juste milieu, très novateur en sciences, plutôt modéré dans son activité politique à Corcelles où il joue un certain rôle, et ouvert au progrès en ce qui concerne l'Université. On connaît son franc-parler. Il va droit au fait, parfois avec brutalité comme ses ancêtres danois luttant contre une mer hostile, mais toujours avec bonne humeur. Cette franchise plaît, sinon à tous les Neuchâtelois, du moins à ceux d'adoption qui le côtoient à l'Université. C'est aussi un agréable conteur d'histoires, le plus souvent vraisemblables sinon toujours vraies, qui fait qu'on ne s'ennuie jamais en sa compagnie. Je suis sûr que ses Réflexions sur l'Enseignement et la Recherche en Mathématiques plairont même à ceux qui n'ont peut-être pas gardé le meilleur souvenir des leçons de mathématiques de leur jeunesse.

Je vous prie, mon cher collègue, de VOUS approcher, ainsi que vos deux adjoints au rectorat, pour recevoir l'emblème de vos nouvelles fonctions et prononcer votre leçon. Je vous souhaite à tous trois beaucoup de satisfaction dans vos activités rectorales et, en remerciant encore tous mes collègues du Sénat de la confiance dont ils m'ont honoré, je les prie de la reporter sur mes successeurs.

MAURICE ERARD,
recteur sortant de charge