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Dies academicus

Allocution de M. Jean Guinand
recteur sortant de charge
Mesdames et Messieurs,

La coutume veut que le recteur relate brièvement, lors du Dies academicus, les principaux événements de l'année universitaire écoulée.

Je dois tout d'abord évoquer avec une grande tristesse le décès du professeur Jean Monnier, survenu au printemps de cette année. M. Jean Monnier assurait en qualité de professeur extraordinaire l'enseignement du droit international public à la Faculté de droit et des sciences économiques. Sa disparition a été très durement ressentie au sein de cette faculté. L'Université lui rend hommage aujourd'hui et gardera un souvenir ému de cet éminent collègue.

Pour succéder au professeur Monnier, la Faculté de droit et des sciences économiques a eu la chance de pouvoir compter sur la disponibilité du professeur Jacques Grossen, qui a accepté de reprendre l'enseignement du droit international public.

Le professeur Jean-Blaise Grize, ancien recteur, a pris sa retraite le 14 octobre. Au cours d'une cérémonie présidée par le chef du Département de l'instruction publique, le doyen de la Faculté des lettres a eu l'occasion de rappeler ses travaux, sa carrière et d'en dire les mérites. Nous voudrions qu'il reçoive ici, particulièrement pour son engagement dans les affaires universitaires, l'expression de la gratitude de l'Université.

Trois nouveaux professeurs sont entrés en fonctions le 1er octobre 1987. lI s'agit de M. Denis Miéville, nouveau professeur de logique à la Faculté des lettres, de M. François Grosjean, nouveau professeur de psycholinguistique expérimentale et traitement automatique du langage et de la parole, à la Faculté des lettres également, et de M. Jean-Michel Gobat, nouveau professeur d'écologie à la Faculté des sciences. On notera également que le Conseil d'Etat a nommé M. Georg Süss-Fink en qualité de nouveau professeur de chimie inorganique avec entrée en fonctions le 1er août 1988. Il succédera au professeur Werner Marty, décédé au cours de l'année 1986.

Nous pouvons enfin porter à votre connaissance qu'à ta suite d'une modification du règlement général de l'Université le Conseil d'Etat a octroyé le titre de professeur associé à un certain nombre de collaborateurs de l'enseignement et de la recherche. Il s'agit de:

— M. Pierre du Bois, chargé de l'enseignement d'histoire générale contemporaine,

M. Jean-Pierre Chuard, chargé de l'enseignement du journalisme,

— M. Manfred Gsteiger, chargé de l'enseignement de littérature comparée,

— M. Christian Hart-Nibbrig, chargé de l'enseignement de littérature suisse d'expression allemande et alémanique,

— M. Fabrizio Sabelli, chargé de l'enseignement d'anthropologie économique,

pour la Faculté des lettres;

de

— Mme Helen Stoeckli-Evans, responsable de l'enseignement et de la recherche en cristallographie chimique à l'Institut de chimie,

pour la Faculté des sciences;

et de

— M. Christophe Grzegorczyk, chargé de l'enseignement de la théorie générale du droit,

— M. Olivier Jacot-Guillarmod, chargé de l'enseignement du droit européen,

pour la Faculté de droit et des sciences économiques.

On précisera encore que le titre de professeur associé ne modifie pas le statut des personnes concernées.

Parmi les nombreux événements de l'année universitaire 1986-1987 dont les Annales fourniront des rapports détaillés, nous n'en retiendrons ici que deux. Le premier est survenu à la fin du mois de janvier 1987, le second au début du mois d'octobre 1987. Ils se sont tous les deux déroulés au même endroit, à savoir dans l'enceinte du Grand Conseil.

A la fin du mois de janvier, le Grand Conseil était saisi d'un rapport du Conseil d'Etat sur le développement de l'Université de Neuchâtel. A ce rapport étaient annexés les documents de planification pour la période 1988-1991 établis par l'Université dans le cadre de la procédure mise en place par la Conférence universitaire suisse. Le Conseil d'Etat souhaitait de la sorte associer la plus haute instance politique du canton à cet important processus périodique de bilan et de perspectives auquel les universités et les hautes écoles de Suisse se livrent depuis 1983. Le Grand Conseil neuchâtelois s'est ainsi vu donner l'occasion de débattre de l'avenir de l'Université, de faire part de ses sentiments à son égard, d'émettre critiques et suggestions. Il l'a fait avec compétence

dans un débat de belle tenue et avec la volonté de montrer au peuple neuchâtelois dont il émane l'importance que le canton de Neuchâtel entend attacher à la formation et à la recherche universitaire ainsi qu'aux services que cette institution peut rendre à la collectivité. L'Université ne peut que s'en féliciter et exprimer sa reconnaissance pour la marque de confiance qui lui a été ainsi témoignée.

Au début du mois d'octobre 1987 — et c'est le second événement — le Grand Conseil était à nouveau saisi d'un rapport du Conseil d'Etat relatif à l'Université. II s'agissait de la demande d'un crédit de 2,3 millions destiné à permettre la mise au point d'un projet définitif de restructuration et de reconstruction des bâtiments universitaires du Mail. En acceptant ce crédit et en se ralliant au projet qui avait remporté le concours d'architecture organisé par l'Université, le Grand Conseil permet à l'Université, et plus particulièrement aux instituts de la Faculté des sciences concernés par le projet, d'envisager l'avenir à long terme et d'espérer pouvoir offrir aux générations futures d'étudiants, d'enseignants et de chercheurs les meilleures conditions de travail possible. Il restera certes encore à persuader le peuple neuchâtelois qui devra se prononcer sur le crédit de construction, mais l'étape franchie en octobre restera sans doute décisive.

Soucieux des intérêts de l'ensemble du canton, le Grand Conseil a saisi l'occasion de cette demande de crédit pour soumettre au Conseil d'Etat un postulat visant à examiner les possibilités de décentralisation des institutions cantonales, y compris l'Université. Il appartiendra au nouveau rectorat d'apporter au Conseil d'Etat les éléments de réponse à cette demande. Je m'abstiendrai par conséquent de prendre ici position. Je me bornerai à rappeler que l'Université de Neuchâtel est l'université du canton de Neuchâtel, que c'est la plus petite université de Suisse et que rien ne devrait être entrepris qui puisse d'une quelconque manière l'affaiblir.

Mesdames et Messieurs,

Arrivé au terme de mon mandat de quatre ans, je serais évidemment tenté de faire le bilan de mon activité et de celle du rectorat. Je résisterai à cette tentation, car je crois pouvoir dire que notre action s'est inscrite dans la continuité et que, par conséquent, si un bilan doit être fait, il doit l'être dans cette perspective. Les documents de planification soumis au Grand Conseil contiennent précisément l'essentiel de ce qui aurait pu faire l'objet d'un bilan. Je souhaiterais plus simplement vous dire quels sont les sentiments qui m'habitent au moment où je transmets la charge rectorale. Ces sentiments sont au nombre de trois: gratitude, satisfaction mais aussi inquiétude. Je les exprimerai brièvement avant de formuler quelques voeux.

Mes sentiments de gratitude sont immenses. Ils me conduisent à adresser mes plus vifs remerciements à tous ceux qui m'ont permis de vivre cette belle expérience et qui m'ont facilité la tâche. Aux autorités publiques tout d'abord, au Grand Conseil et à travers lui au peuple neuchâtelois, au Conseil d'Etat et plus particulièrement à M. Jean Cavadini, chef du Département de l'instruction publique, aux divers services de l'Etat et plus particulièrement à M. Jean-Daniel Perret, chef du Service de l'enseignement universitaire, à la ville de Neuchâtel et à ses autorités, aux villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds, et aux autres communes neuchâteloises même si les 62 qu'en compte ce canton n'ont pas toujours à faire avec l'Université.

Aux nombreuses institutions et personnalités extérieures à l'Université qui nous ont apporté leur concours. Je pense tout particulièrement aux membres du groupe de liaison Université —économie.

Aux autorités universitaires bien entendu, à commencer par le Conseil de l'Université, et plus particulièrement à son président, M. Willy Schaer, qui quitte ses fonctions en même temps que je quitte celles de recteur et auquel nous voudrions dire combien nous avons apprécié le dévouement et l'efficacité et dont nous nous réjouissons de savoir qu'il accepte de poursuivre sa collaboration avec l'Université. Au Conseil rectoral et à ses présidents successifs, aux membres des diverses commissions universitaires et aux directeurs d'instituts. Aux doyens des facultés avec lesquels nous avons collaboré pendant ces quatre années, MM. Centlivres et Marguerat pour la Faculté des lettres, MM. Beck et Sigrist pour la Faculté des sciences, MM. Knoepfler et Maillat pour la Faculté de droit et des sciences économiques, et MM. Zumstein et Dubied pour la Faculté de théologie. Nous les remercions pour la gestion efficace de leur faculté et pour leur compréhension à l'égard du rectorat.

Je remercie tous les services de l'Université, en particulier les services administratifs et techniques, mais tout spécialement les secrétaires — et elles ont été nombreuses — qui m'ont apporté leur précieux concours.

Ma gratitude s'adresse aussi à mes collègues et à toutes celles et ceux qui prennent une part active dans l'enseignement, la recherche et les services et sans qui l'Université ne serait rien. Je voudrais dire enfin aux étudiants combien je leur sais gré de ne pas m'avoir compliqué la tâche et combien je regrette de n'avoir pas pu trouver le temps d'avoir davantage de contacts avec eux.

Mais c'est à mes collègues du rectorat que je suis redevable de ma plus grande dette de reconnaissance. J'ai tenu avec eux en quatre ans 169 séances et ce sont 169 excellents souvenirs. S'agissant du secrétaire général, membre de droit du rectorat, ces souvenirs sont partagés, puisque deux secrétaires généraux ont siégé successivement: M. Maurice Vuithier jusqu'en automne 1986 et M.

Bernard Mayor pour cette dernière année. Je les remercie tous les deux pour leur participation active et leur aide efficace. C'est le privilège du recteur désigné que de pouvoir exprimer des voeux quant à la personnalité des deux vice-recteurs. En souhaitant travailler avec les professeurs André Aeschlimann et Rémy Scheurer, je savais que je pouvais compter sur deux fortes personnalités. Mes voeux ont été exaucés au-delà de toute espérance. Leur engagement, leur perspicacité, leur efficacité et leur humour ont permis au rectorat d'accomplir ses tâches dans la meilleure des ambiances. Et puis, j'ai aujourd'hui la satisfaction de me dire qu'à l'issue de leur mandat ils n'ont pas si mal tourné: M. André Aeschlimann, déjà président de la SHSN (il vous dira lui-même ce dont il s'agit), vient d'être brillamment élu président du Conseil de la recherche du Fonds national de la recherche scientifique et M. Rémy Scheurer devient recteur de notre université. Qu'ils reçoivent tous deux ici l'expression de mon admiration et de ma profonde reconnaissance.

J'exprimerai plus brièvement mon sentiment de satisfaction. Je ne voudrais pas en effet qu'il passe pour un sentiment d'autosatisfaction. Je ne puis cependant vous cacher combien je suis heureux de constater que l'Université a pu réaliser au cours de ces quatre dernières années l'essentiel de ce qu'elle avait planifié.

Je relèverai en particulier l'importante étape franchie s'agissant des locaux: inauguration des bâtiments des Jeunes Rives, de l'institut d'ethnologie, rénovation complète du bâtiment de l'avenue du 1er-Mars, installation de l'institut de microtechnique dans le bâtiment du LRH, installation de ta Faculté de théologie au faubourg de l'Hôpital 41 et aboutissement du concours d'architecture pour les instituts du Mail.

Je me réjouis par ailleurs de toutes les occasions d'ouverture vers l'extérieur que nous avons pu réaliser. L'importance des travaux du groupe de liaison Université —économie, même s'ils n'ont pas atteint tous leurs buts et qu'ils doivent encore être concrétisés, sont à souligner. lis ont créé un climat, un état d'esprit dont la seule existence laisse bien augurer de l'avenir.

Je crois pouvoir dire aussi que les différentes facultés et instituts ont obtenu les moyens qu'ils souhaitaient avoir pour poursuivre leurs efforts de développement, mais aussi de diversification. A cet égard, nous croyons que la nouvelle procédure budgétaire, qui réserve une part de l'accroissement à des projets nouveaux, est judicieuse. Certes, les contraintes financières risquent d'en affaiblir la portée, mais son principe devrait permettre à l'Université de faire face aux défis qui lui sont lancés. La création, dans le cadre de la Faculté des lettres, d'un laboratoire de traitement automatique du langage et de ta parole permettant une étroite collaboration avec une nouvelle entreprise et susceptible d'offrir de nouveaux débouchés aux étudiants est, à cet égard, particulièrement encourageante.

J'en arrive à mon sentiment d'inquiétude. Je me dois de l'exprimer ce matin, car je ne voudrais pas laisser croire que l'enthousiasme qui est le mien ne cache pas quelques soucis.

L'Université de Neuchâtel est l'université du canton de Neuchâtel, nous l'avons souligné tout à l'heure. Le canton de Neuchâtel, nous le savons, fait montre d'une volonté farouche de faire face aux difficultés qui sont les siennes et de construire l'avenir. li a misé pour cela sur toutes les forces que compte cette petite république, et en particulier sur son université, Il sait cependant que rien n'est définitivement acquis et qu'il faut parfois affronter des situations difficiles. Il en a eu hélas cette année quelques exemples pratiques. Il sait que d'autres menaces existent.

Dans ce contexte, seule une totale solidarité de toutes les forces permet de faire front. Et cette solidarité doit se manifester à tous les niveaux, y compris à l'Université. Or, et c'est là que réside mon inquiétude, j'ai dû constater que cette nécessité n'est pas suffisamment ressentie. Le développement de nombreux secteurs d'intérêts différents à l'intérieur de l'Université et de ses facultés fait malheureusement courir le risque de la perte du sentiment de l'appartenance à une véritable communauté universitaire. Cela se traduit parfois par de la méfiance à l'égard des autorités universitaires, assortie de la tentation de ne plus voir que le développement de son propre secteur. La tâche du rectorat n'en est alors que plus difficile.

Je voudrais dire dès lors à nos collègues, et plus particulièrement aux doyens et aux directeurs d'instituts, qu'ils doivent davantage penser «université», Il serait regrettable en effet que seul le rectorat porte le souci de l'ensemble du développement de l'Université. Certes, on ne saurait demander aux facultés et aux instituts de faire abstraction de leurs propres besoins et de leurs projets de développement. L'émulation nécessaire à toute institution implique que chacun défende ses intérêts. Mais cette défense doit pouvoir se faire dans le cadre de la communauté d'intérêts que représente l'Université.

Cela m'amène à conclure par des voeux.

L'aventure universitaire est grisante. Celle que j'ai vécue pendant quatre ans aura été pour moi unique et passionnante. Elle m'a permis de côtoyer des femmes et des hommes qui ont confiance en l'avenir et qui sont convaincus de l'importance vitale de la formation et de la recherche. Je souhaite dès lors que les autorités universitaires et l'ensemble de la communauté universitaire neuchâteloise unissent leurs efforts pour poursuivre l'oeuvre entreprise il y a bientôt cent cinquante ans par l'Académie de Neuchâtel et... que «vive l'Université de Neuchâtel».

Je vous remercie. J. Guinand